….de la sortie du Peugeot J7 autoroutes et du fait que j’avais dû me contenter de la version produite par Norev, pas de celle de Dinky Toys. Le prix n’était pas le même ! J’avais été frappé par la similitude des accessoires : panneaux, cônes et personnages figés dans les mêmes positions. Le Peugeot Dinky Toys était mis en valeur par à un diorama expressif qui mettait habilement en scène les deux autres éléments disponibles de la gamme « autoroutes », le Berliet Gak dépanneuse et la Renault 4L.

 C’est selon moi le plus beau diorama réalisé par Bobigny. Si les collectionneurs évoquent à juste titre la réussite de ceux réalisés par Corgi Toys, c’est oublier que Dinky Toys avait déjà, avant la guerre, produit des coffrets illustrés de scènes bucoliques fort réussies. Je pense aux coffrets militaires et à ceux dédiés aux secours routiers AA et RAC : la nature est omniprésente sur les illustrations.

 Cette semaine, vous l’avez compris, un magnifique coffret autoroutes est proposé. Désormais les collectionneurs sont exigeants sur la qualité non seulement du modèle mais aussi de son environnement. L’exemplaire devrait satisfaire les plus difficiles. La câle de blocage est présente tout comme la rare notice expliquant comment fixer le panneau « 60 » à l’arrière du véhicule. Cette version « autoroutes » inspirera Norev, puis Siku en Allemagne, et bien plus tard Liverpool qui déclinera son Ford Transit en « motorway services ». L’idée d’une série, empruntée elle à Corgi Toys, familier de cette façon de faire, était excellente. Elle arriva un peu tard pour changer le destin de la marque.

Cette semaine un autre Peugeot J7 est proposé. Il marque la fin de l’aventure Dinky Toys. Avec la Renault 4L ptt ce sont les deux derniers « vrais » Dinky Toys France. J’y pense toujours avec émotion lorsque j’en ai à vendre. Un changement de statut social, création de « Meccano France S.A » entrainera une modification de moule. Cette dénomination sera gravée sur les derniers modèles à la place  place de « Meccano Tri-Ang ». C’est une belle pièce, peu fréquente, chargée d’histoire.

En 1965 apparaît la première version, semi-remorque tôle, du camion Ford « tilt cab» de chez Corgi Toys. Ce sera le seul « Major » (série poids lourds)  de l’année. Ce détail a son importance. La direction de Corgi Toys sait compter. Elle a analysé le coût de fabrication d’un tel jouet. L’année suivante, en 1966, elle recycle son tracteur Ford en version porte-voitures. Sur les publicités de l’époque célébrant ses dix ans d’existence, elle se sert d’ailleurs  d’un dessin montrant son premier porte-auto, le Bedford « S » Carrimore qui avait marqué les esprits en 1956, et sa nouveauté, le Ford « tilt cab ». L’acheteur peut constater les progrès. En 1967, c’est une version dépanneuse qui est proposée toujours avec la même cabine. Cette année là ce sera aussi la seule nouveauté de la série « Major » du catalogue. En s’appuyant sur les chiffres de vente de 1965, Marcel R.Van Cleemput explique  que les ventes d’une nouveauté fléchissent au bout de la troisième ou quatrième année année. D’où l’idée de proposer beaucoup de nouveautés ou de déclinaisons afin de maintenir l’envie des acheteurs. Mais il constate aussi l’effet pervers de cette politique qui accélère l’effritement constaté dés la troisième et quatrième année. On comprend que l’équation est difficile à résoudre. Mais la préoccupation de la bonne gestion globale du catalogue Corgi Toys explique le succès de la marque dans ces années là, surtout par rapport à son grand concurrent de Liverpool. Cette semaine un camion Ford Tilt Cab dépanneuse est proposé à la vente. Vous pourrez mieux le situer dans la chronologie et apprécier sa gestation.

Deux autres Corgi Toys sont au menu qui confirment la politique tendant à multiplier les versions afin d’étoffer le catalogue de nouveautés chaque année. Une façon d’étouffer la concurrence en s’accaparent le budget. La Land Rover a été produite toutes versions confondues à plus de dix millions d’exemplaires. Chaque déclinaison a une originalité. Cette version pick-up bâchée aux couleurs du cirque Chipperfields pourrait être très banale si elle n’était pas attelée à une remorque plateau, recyclée de la série agricole, sur laquelle repose une cage transportant un éléphant. C’est original. Nous sommes bien dans l’univers magique du jouet.

Le dernier Corgi Toys au programme est un splendide et très crédible Mercedes Unimog chasse-neige. Corgi Toys réussira à proposer quatre versions différentes de son Unimog ce qui lui permettra d’amortir l’outillage pour la fabrication des pneus spéciaux et le châssis équipé de suspensions efficaces. Preuve de la qualité de son modèle, Mercedes approchera Corgi Toys et lui commandera une série d’Unimog version pick-up bâché. Pour l’occasion un étui spécifique sera confectionné, et distribué dans le réseau commercial Mercedes.

On peut faire un parallèle avec Dinky Toys France qui a aussi, bien sûr, décliné des versions de ses modèles. Logique.  Les Simca Cargo en vente cette semaine sont là pour le confirmer. On constate cependant une différence d’approche dans la gestion des déclinaisons qui peut aider à comprendre le déclin de Dinky Toys par rapport à Corgi Toys. La différence tient au fait que Dinky Toys a gardé ses modèles et donc ses déclinaisons au catalogue de façon exagérée. Là où Corgi Toys n’hésitait pas à supprimer un modèle du catalogue au bout de quatre ans d’existence, les ventes chutant à partir de la troisième année. Chez Dinky Toys, les modèles étaient conservés  prés de dix ans et même parfois plus. Chez Corgi Toys la direction souhaitait ne pas montrer à la clientèle un modèle vieillissant et lui a sans cesse offert des nouveautés et des innovations techniques. Il faut dire qu’avec l’arrivée en 1956 de Corgi Toys suivi du lancement de la série 100 chez Solido, et des modèles italiens chez Politoys puis Mebetoys, la course aux innovations s’est accélérée. Dinky Toys n’a pas su réagir positivement et a pensé que sa clientèle lui serait éternellement fidèle. Je me souviens bien des Simca Cargo encore au catalogue à la fin des années soixante. Avec le recul, ce qui paraît surprenant, c’est d’avoir fait cohabiter des nouveautés soignées, comme la série des GMC, les Saviem Goélette, et autres Peugeot J7 possédant des qualités évidentes, et des modèles  d’une conception d’un autre âge, comme le Cargo. Ces productions au long cours sont par contre une aubaine pour les collectionneurs. Du fait de leur longue carrière ces camions Simca Cargo, Berliet GLR et Panhard Movic vont connaître de très nombreuses variantes. Ils connaitront une rénuménération.

Cette semaine mon coup de coeur est pour une variante du Simca Cargo,  celle du miroitier sans l’inscription Saint-Gobain. Cette variante était destinée au marché anglais. Saint-Gobain n’y étant pas implanté, Bobigny n’avait pas jugé utile de mettre les décalques. Les voitures produites à Bobigny aussi connaitront des carrières longues avec pour conséquence un certain nombre de couleurs moins fréquentes voire rares, produites afin d’essayer de relancer les ventes.

C’est le cas de ces superbes américaines qui ont vu leurs cotes baisser et qui sont désormais plus abordables. La Plymouth Belvedere est superbe dans livrée bleu et blanche. Une réussite esthétique. La Studebaker commander avec ses flancs peints, plus fréquente, possède aussi un charme certain surtout par rapport aux deux premiers coloris.

Norev partageait la conception de  Dinky Toys sur la durée de vie de ses modèles.  Les multiples  variantes de combinaisons de couleurs en attestent. Les prix modiques d’achat des Norev n’avaient pas  pour le commerçant la même conséquence sur l’immobilisation du stock que d’autres produits. Ce dernier pouvait sans problème proposer une très large gamme à sa clientèle sans mettre en péril sa trésorerie. Il me semble qu’aucun autre fabricant de miniatures n’a proposé autant de modèles à sa clientèle que Norev. Une déferlante de nouveautés chaque année. Nous avons cette semaine de très belles Norev. Rançon du succès, le prix des Norev dépasse bien souvent celui des Dinky Toys. C’est une logique de marché, d’offre et de demande. Monsieur Greilsamer  de chez Modelisme, qui avait une dent contre la firme de Villeurbanne  n’aurait jamais pensé vivre un jour cela.