…que durant le repas du soir il y avait parfois des commentaires sur l’attitude des clients qui étaient venus dans le magasin de chaussures de mes parents.

Je me souviens particulièrement du basculement, après mai 1968.

Les enfants ont commencé à donner leur avis sur les chaussures qu’ils venaient acheter avec leurs parents. Une petite révolution. L’enfant était désormais un être à part entière, reconnu comme une personne ayant des droits. Il avait son mot à dire sur la couleur et la forme. Le commerçant devait faire preuve de psychologie tant vis à vis des parents que des enfants.

Mes parents qui ont vécu ce changement nous ont raconté beaucoup d’anecdotes à ce sujet.

Cette période marque aussi une petite révolution dans les loisirs. L’émancipation vers la vie d’adulte va être plus rapide. La société de consommation fera le reste.

D’autres supports vont capter l’attention de l’enfant : les disques, les bandes dessinées, le cinéma …

J’ai lié de ce souvenir à un autre élément dont j’ai récemment eu connaissance. En 1971, l’âge des adhérents du club Corgi Toys se situait autour de 11 ans. Dix ans auparavant il était de 15-16 ans.

De nombreux clients m’ont expliqué avoir acheté des petites autos jusqu’à leur départ sous les drapeaux où jusqu’à leur mariage.

L’arrêt de la « collection » correspondait à l’entrée dans le vie d’adulte : on arrête la collection comme on coupe le lien qui relie à l’enfance.

En 1971, les miniatures vont devoir être conçues pour une clientèle allant de 5 à 10 ans et non plus de 5 à 15 ans.

L’aspect ludique, comme le roulement de la miniature, prime désormais sur la véracité de l’auto reproduite.

Mieux, l’auto doit aussi répondre à des critères de robustesse.

 

On va assister petit à petit à un retour en arrière.

Quand je vois les Corgi Toys proposées cette semaine, elles correspondent parfaitement à cet état des lieux.

L’Alfa Romeo P33 et l’Adams datent de 1970. Elles reproduisent des autos originales.

On sait l’importance que Corgi Toys attachait à ce type d’auto. Il faut  les replacer dans le contexte pour comprendre tout leur intérêt. Ces produits ont vocation à être utilisés par une jeune clientèle. Pas de détails surperflus. On comprend que les trouver neuves en boîte est loin d’être aisé.

La Datsun également au menu date de 1972.

Corgi Toys tâtonne, a du mal à trouver sa voie.

En cette année 1972, imitant Mebetoys, Corgi Toys revient en arrière au niveau du dessin des roues. Certes la miniature est équipée d’axes aiguille lui assurant un roulement parfait, mais les roues monobloc reçoivent un insert en plastique chromé qui gomme l’aspect « roue rapide ». Ces roues ont été un véritable choc pour nombre d’amateurs « collectionneur ».

Le choix de l’auto est original. Elle brille sur les routes du rallye de Monte-Carlo en 1972 où elle finit troisième et s’impose deux fois au Safari Rallye. Sur les circuits américains elle remportera sa catégorie deux ans de suite dans le championnat SCCA  (Trans Am) avec John Morton.

Des Mebetoys à la sauce « Hot Wheels » sont aussi au menu de la semaine.

Cette révolution a commencé aux États-Unis. Les grandes transformations sociétales viennent désormais de l’Ouest. Mattel le groupe américain célèbre pour avoir créée la poupée « Barbie » est le premier à comprendre le changement qui s’opère.

Il a parfaitement analysé la situation  et propose des autos miniatures destinées à un public très jeune, plus simples, ludiques, colorées, bardées de chrome …le succès est immédiat…

Plus rien ne sera comme avant dans l’univers de la petite auto après l’arrivée des Hot Wheels.

Le groupe américain s’est ensuite attaqué au marché du 1/43. Pour cela il a approché Mebetoys. Il était plus facile d’acquérir un fabricant existant qui avait déjà une gamme que de partir de zéro.

Cela rappelle un peu l’histoire du rachat raté de Ferrari par Ford. Mattel trouva les arguments.

Le groupe a ensuite appliqué la même recette qu’avec ces 1/60 : des peintures métallisées et des axes aiguilles d’une très grande finesse sur lesquels étaient positionnées des roues monobloc en plastique.

Quatre superbes autos de course sont programmées cette semaine.

La plus ancienne est la Ferrari 330P4, qui fut conçue durant la première période de la marque milanaise. Pour recevoir ces nouvelles roues et surtout ces axes aiguille, Mebetoys a dû recomposer un châssis. Le logo Mattel Hot Wheels est désormais gravé. L’auto a belle allure, plus trapue que dans sa première mouture. Malgré la teinte rouge métallisé peu crédible, j’ai une nette préférence pour cette seconde version. 

Mattel visait bien sûr le marché américain. Logique d’inscrire la Chaparral 2J de la série Can Am à son catalogue. C’est la plus convaincante des versions existantes, en fabrication industrielle bien sûr. Il est intéressant de constater que cette auto révolutionnaire mais au palmarès assez mince intéressa trois fabricants transalpins. 

modèle en vente cette semaine : Dinky Toys Jaguar Tye E 2+2 131

Cette semaine, une belle Jaguar Type E, peinte dans une couleur improbable mais dans l’air du temps (violet métallisé), une Ferrari Dino prototype bien proportionnée et une originale Monteverdi Suisse sont là pour le prouver. 

Dinky Toys (GB) est revenu à l’échelle de reproduction (1/43 et plus) qu’elle avait abandonné au début des années soixante (1/45), dans l’optique de faire des économies d’échelle. La Lotus 49, aussi programmée cette semaine fait partie de cette vague de nouveautés. Elle est bien plus intéressante qu’il n’y paraît. L’échelle de reproduction, le 1/36 environ, est une première. C’est une autre petite révolution à Liverpool qui avec ce modèle colle à l’actualité. Rappelons qu’au milieu des années soixante Liverpool distribuait encore des Cooper Bristol et des Maserati 4clt  à moteur avant datant du début des années cinquante ! 

C’est Politoys le premier qui a offert une série de monoplaces au 1/38 au début des années soixante. Elles étaient en plastique. Depuis le passage au moteur arrière et le changement de cylindrée des moteurs, les monoplaces se sont affinées rendant leur reproduction plus difficile.

Les bras de suspension sont un casse-tête pour les bureaux d’étude des fabricants de jouets. Leur reproductions est souvent fragile. En augmentant l’échelle de reproduction Politoys s’est simplifié la tâche. Gardons à l’esprit qu’il s’agit de jouets et non de maquettes.

La seconde série des Politoys sera en zamac et aussi reproduite à une échelle très supérieure au 1/43.

Dinky Toys semble s’en être inspiré avec cette Lotus. Elle est destinée à une clientèle plus jeune.

Une monoplace étant une auto effilée elle convient parfaitement à la morphologie d’un enfant de 5-6 ans. Les amateurs ont été troublés à l’époque par ce changement d’échelle.

 

 

Mais en regardant l’ensemble de la production post soixante-huitarde on constate que Corgi Toys fournira aussi une importante série de monoplaces au 1/38 comme Mattel/Mebetoys. Dans la foulée, Liverpool sortira la Ferrari 312B2, à la même échelle. Cette auto se distingua durant les saisons 1970-71 avec quelques beaux succès. 

Les couleurs fantaisistes de ces deux reproductions peuvent interroger.

Durant cette période charnière, on note une volonté de déconstruire les valeurs établies.

Une Ferrari monoplace peut-elle être marron métallisé et une Lotus bleu métal ?

Je laisse à chacun le choix de sa réponse.

J’ai bien sûr ces modèles en collection, comme la Hesketh 308 aussi au programme. Ces modèles font partie intégrante de la saga Dinky Toys.

 

 

 

Hasard de la programmation d’autres miniatures produites aussi à des échelles supérieures à la fin de l’histoire Dinky Toys sont au menu, dont trois déclinaisons de l’Austin Princess.

On peut faire un parallèle intéressant entre cette auto et Dinky Toys. L’industrie automobile anglaise et Dinky Toys vont sombrer ensemble. Je n’ai jamais roulé dans une auto anglaise mais j’ai gardé ces trois variantes d’Austin Princess ! Les deux versions blanches sont difficiles à se procurer. Vous aurez noté qu’elles sont équipées de roues avec insert en zamac brut…

Mon coup de coeur pour l’Unic Lautaret semi-remorque fourgon « transports internationnaux » de chez JRD.

Pas besoin de replacer ce jouet dans son contexte et son histoire pour l’apprécier, il parle de lui même. C’est un jouet somptueux. Une anecdote.

Mon père avait du mal à se fixer des limites pour les objets qu’il appréciait.

Les camions JRD faisaient partie de ses favoris.

Il n’avait rien trouver de mieux que de dupliquer chaque combinaison de couleur en deux exemplaires, en fonction de la couleur des pneus qui l’équipaient.

JRD avait utilisé des pneus de couleur blanche puis noire sur un certain nombre de ces modèles dont cet Unic « transports internationaux ».

Ainsi nous avions en vitrine deux exemplaires de la version en vente cette semaine, l’un avec les pneux blancs et l’autre avec les pneus noirs.

Le besoin d’harmoniser les vitrines et de gagner de la place m’ ont convaincu de ne garder qu’un exemplaire de chaque combinaison de couleurs. ce qui fait 4 convois tout de même. 

Collection Personnelle : Unic Lautaret semi-remorque fourgon « transports internationnaux » JRD collection autojaune