des emballages jamais vus ! Mebetoys sous bulles « série Europa Gioca Gioca »

…que pour mon père et moi, les voitures de la série 40 de l’immédiat après guerre chez Dinky Toys Liverpool, faisaient office de lot de consolation, lorsque le voyage Outre-Manche ne nous avait pas permis de ramener des camions Foden, Guy, Leyland et autres Commer de ce même fabricant. Ces derniers étaient notre cible première, au même titre que les véhicules publicitaires.

En Scandinavie ce sont les voitures Tekno qui nous consolaient lorsque nous n’avions pas trouvé de camions Volvo ou Scania sur les tables des foires scandinaves.

Cette semaine une splendide Rover 75, référence 140 B est en vente. Elle m’a replongé dans ce lointain passé. La miniature est fort bien reproduite et je ne peux n’empêcher de relater le commentaire de Marcel Van Cleemput du bureau d’étude de chez Corgi Toys qui concédait que la qualité de reproduction de « sa » Rover 90 (même caisse que la 75 de chez Dinky Toys mais motorisation différente)  l’avait déçue. La Dinky Toys reproduit un modèle de 1949. C’est du très grand Dinky Toys. Les formes sont bien synthétisées. La Corgi Toys est perchée sur des roues trop étroites. Me revient en mémoire, une autre remarque qui va étonner un certain nombre de collectionneurs. Il y a quarante ans, en Grande-Bretagne, ces modèles ne suscitaient pas l’enthousiasme des amateurs britanniques. Les prix étaient relativement modestes.

La raison m’a toujours étonné. Ce type de produits a été diffusé en grande partie, sans étui individuel. Ces derniers sont apparus plusieurs années plus tard au milieu des années cinquante. Il est donc logique de les trouver le plus souvent sans boîte, car seuls les derniers exemplaires, équipés de jantes rouges dans le cas de la Rover bordeaux, en ont été pourvus. Or, la mode des boîtes avait déjà commencé il y a quarante ans Outre-Manche. Ces modèles étaient donc considérés avec un certain mépris du fait de l’absence, logique, d’étui individuel.

Les déclinaisons bicolores, plus tardives, de ces séries d’après-guerre, ont elles, toujours eu un étui individuel et ont vu leurs côtes exploser, bien qu’elles ne soient pas à mes yeux plus rares. La Rover 75 bordeaux proposée est une toute première série avec jantes bordeaux, vendue majoritairement en boîte de six pièces.

Cette semaine nous avons aussi une belle Hillman Minx bicolore (crème et vert pomme) …en boîte. Le luxe.

On peut s’interroger  sur la pertinence de l’assemblage de couleurs et la comparer avec la déclinaison bicolore de l’Hillman Husky de chez Corgi Toys plus conservatrice mais aussi fort élégante (argent et bleu métallisé) qui est aussi au menu hebdomadaire. Je reste persuadé que le regard sur les bicolores Dinky Toys a évolué au fil des ans. Je ne suis pas certain que les amateurs à l’époque avaient la même approche que celle qui nous anime en 2024.

Dans ce même registre que dire de l’Austin Atlantic rose ? Cette auto a été conçue par Austin après la guerre, pour le marché américain…la couleur rose nous transporte de fait sur la côte ouest, en Californie où ce genre de couleur prend tout son sens. 

Ne cherchez pas d’étui individuel pour cette déclinaison qui appartient au début de la production. La miniature était conditionnée par boîte de six, comme celle de couleur bleu pâle avec intérieur bleu soutenu, équipée comme celle de couleur rose, d’harmonieuses jantes crème. Cette version rose est nettement moins fréquente, ce qui permet de penser qu’elle a eu une existence très courte.

Plus tard, comme un clin d’oeil à Liverpool, à moins que ce ne soit un hasard, Bobigny produira une petite série hors commerce pour un usage qui pour l’instant nous échappe. Je ne peux imaginer que sa réalisation au pochoir, puis son bouterolage ait été effectués que pour un seul exemplaire. Ce dernier, le seul connu ce jour a appartenu au comte Giansanti Coluzzi, personnage central dans l’univers de l’industrie du jouet (voir l’histoire avec Mercury), et de la collection.

Après la seconde guerre mondiale l’industrie automobile anglaise s’est distinguée en produisant une série de petits cabriolets sportifs qui marquera les esprits de plusieurs générations. Ces Triumph, MG, Austin Healey ont été exportées à tour de bras. Rentrer des devises était la priorité pour l’industrie automobile anglaise comme pour Dinky Toys d’ailleurs. C’est à cette époque que Liverpool concrétisera d’importants contrats avec l’importateur américain Hudson Dobson.

Cela ira jusqu’à la production de modèles réalisés dans des coloris spécifiques pour ce marché. Les discussions ont dû être serrées entre Anglais et Américains. A cette période, Dinky Toys règne sans partage sur le marché mondial de la miniature et profitera du succès commercial de ces cabriolets pour les inscrire à son catalogue. Dinky Toys offrira une superbe série succédant à sa célèbre série 38, apparue en 1939,  exclusivement dédiée aux cabriolets qui continueront d’être fabriqués et d’être présents au catalogue à côté de cette nouvelle série  dite « 100 »! Il fallait amortir l’outillage, au risque de lasser la clientèle. La série 100 est constituée de 5 cabriolets : Triumph, MG, Austin Healey, Sunbeam Alpine et une Aston Martin plus élitiste, compte tenu de sa connotation plus sportive.

Ces autos connurent aussi le succès en compétition : des routes du Monte-Carlo jusqu’à la piste des 24 heures du Mans. Dinky Toys déclinera ces autos en livrées routières et en livrées compétition dans des assemblages de couleur qui annoncent la série des berlines bicolores. Une version « course » de l’Aston Martin est au programme.

La polémique entre collectionneurs vient du fait que les versions avec jantes acier sont plus rares mais moins esthétiques. Certain amateurs ne veulent pas en entendre parler et ne désirent en vitrine que des versions avec jantes peintes. J’ai tranché pour ma part. J’ai recherché les deux. Pourquoi ?   On s’aperçoit que des nuances importantes de teinte de carrosserie et même d’intérieur existent entre les deux types de jantes. Logique, plusieurs années les séparent. Pour les amoureux de ce type d’autos sachez qu’elles ont d’abord été équipées d’un volant en zamac peint avant de recevoir un volant en plastique lors du passage des jantes en acier…mais il existe des versions intermédiaires avec jantes acier et le volant encore en zamac peint ! Il fallait bien liquider les volants en stock. Chacun placera le curseur où il veut en fonction de ses critères personnels.

En voyant les catalogues Dinky Toys et Corgi Toys du milieu des années cinquante, à voir la prédominance des autos anglaises, on peut croire à la bonne santé de l’industrie automobile anglaise de l’époque. Depuis 1939 Dinky Toys, a certes incorporé quelques autos américaines (la série 39 avant guerre suivie ensuite par la série 139) mais ces quelques exemples ne reflètent pas le marché mondial de l’industrie automobile. Dans son objectif de détrôner Dinky Toys, Corgi Toys va dans un premier temps calquer son programme sur celui de Liverpool et n’inscrire que des autos de conception anglaise à son catalogue. Il faudra attendre la dixième nouveauté pour voir la première auto d’origine étrangère. Ce sera la Citroën DS19 suivie d’une Ford Thunderbird. Cette semaine une Citroën ID19 safari est au programme.

Dinky Toys trainera cette version très longtemps au catalogue. Son succès semble ne s’être jamais démenti. Les derniers exemplaires, au milieu des années soixante, sans vitrage ni aménagement intérieur (!) connaitront des jantes en plastique (rare) et même des châssis chromés.

La première auto allemande chez Corgi Toys sera une Mercedes 300sl. La firme de Swansea attendra encore quelques années avant de proposer une Volkswagen 1200 dans une originale déclinaison Safari rallye. Ce n’est pas un hasard, l’auto a remporté trois fois ce rallye. C’est le succès de 1962 qui a dû donner des idées au bureau d’étude de Corgi Toys. Le trait de génie du modèle réside, non seulement dans la saynette la mettant en scène avec un terrible rhinocéros sur fond de décor africain, mais aussi avec sa roue de secours positionnée sur le pavillon servant à actionner la direction. Le modèle sera recyclé quelques années plus tard en auto école. Un volant en zamac de taille conséquente remplacera la roue de secours pour actionner la direction. Des cônes de Lubeck seront livrés avec, pour que l’enfant s’exerce au joie du gymkhana. C’est cette version qui est proposée en déclinaison anglo-saxonne. Il existe une version avec les décalques en langue allemande. A cette époque la VW est déjà l’auto la plus vendue dans le monde.

Pour ma part j’ai surtout un faible pour l’exemplaire produit par Wiking représentant un modèle de 1963 en couleur noire également au programme. Couleur rarement utilisée pour une auto populaire, cette couleur étant réservée à des autos destinées à des usages plus solennels (voir le blog green cad). Je possède une série de VW Wiking de couleur noire, dont un cabriolet, prouvant que VW a bien réalisé cette teinte en série. Wiking travaillait en étroite collaboration avec Wolfsburg. C’était aussi leur premier client, ces autos étant diffusées en concession. 

Mon coup de coeur pour ces Mebetoys et leurs rares emballages sous bulles « série Europa ».  En quarante ans de métier je n’ai jamais rencontré ce type d’emballage pour les produits Mebetoys. J’ai questionné plusieurs amateurs italiens qui m’ont confirmé la grande rareté. J’aime ce type d’emballage, original, qui raconte une histoire.

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Ils correspondent à une période, le milieu des années soixante/soixante-dix où les services marketing de l’industrie du jouet d’Europe ont reproduit ce qui se faisait aux États-Unis dix ans auparavant.

C’est l’apparition des grandes surfaces qui a modifié la donne. Quand en Europe la vente s’organisait encore dans des commerces indépendants, l’Amérique connaissait déjà les supermarchés et les enseignes nationales implantées dans tout le pays.

Rappelez-vous, en France il a fallu attendre longtemps pour voir des supermarchés sur tout le territoire et encore plus longtemps pour y trouver des rayons dédiés aux jouets…rayons longtemps considérés comme saisonniers.

Il faut lire les revues professionnelles pour comprendre les efforts déployés par les industriels du jouet pour persuader leurs revendeurs que la vente pouvait s’étaler toute l’année.

En feuilletant les archives de Jacques Greilsamer, je suis tombé sur des catalogues revendeurs Tootsietoys et Hubley du milieu des années cinquante, avec des présentoirs de taille impressionnante. L’astuce consistait à pousser les revendeurs en les alléchant avec de substantiels ristournes sur le nombre de « cartons » et de présentoirs. Les Tootsietoys par exemple étaient livrés dans un emballage constitué d’un carton perforé et d’une bulle transparente thermoformée. L’ensemble était accroché à des grands présentoirs muraux ou sur pieds.

J’ai en collection des Tekno, des Dynam, des Dinky Toys, des Marklin et des modèles de bien d’autres marques…ainsi conditionnés sous bulle. Ils sont tous rares car fabriqués pour des ventes en grands magasins.

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Ces emballages ont vocation  a être ouverts afin d’en extraire la miniature. Qui a pensé à les garder fermés ? Enfin dernier atout de ce type de produit est non des moindres. Ces Mebetoys ont été réalisées pour une chaine de magasins italienne. On connaît aussi une série de Mebetoys réalisée pour la chaine néerlandaise Hema vers la fin des années soixante. Ces miniatures sont en bout de production. Elles sont peintes dans des couleurs tardives et éphémères, donc rares. Vous n’êtes pas là de les revoir dans cet état.