Souvenirs de la bourse de jouets organisée par l’ECMA à Bruxelles 

….de la première édition, en 1978, de la bourse de jouets organisée par l’ECMA à Bruxelles dans les allées du Woluwe Shopping center. Elle allait rapidement devenir la plus importante d’Europe. Les exposants venaient des quatre coins de la planète. La situation géographique de Bruxelles l’a d’ailleurs consacrée capitale politique de l’Union Européenne. Une partie de l’importante délégation anglaise, avec à leur tête Mike and Sue Richardson, venait à Bruxelles dans un car affrété pour l’occasion. C’était un événement incontournable où la bonne humeur régnait. Je me souviens lui avoir échangé sur place un Lambretta triporteur glacier de chez Solido contre un Spot On Wadham ambulance. Cette bourse avait la particularité de ne durer que la matinée. A midi tout était fini. Les exposants allaient alors se restaurer dans les nombreuses brasseries qui bordaient les allées de cet important centre commercial.

L’original coffret C-I-J simulant une chaine de montage de la Citroën Ami 6 proposé cette semaine m’a ramené à ce souvenir. A la fin de la première édition, à l’heure d’aller se restaurer, en face d’un des tapis roulants qui permettaient de rejoindre le parking en sous-sol, un exposant belge avait encore en vente des dizaines de coffrets similaires à celui proposé cette semaine ! Je revois également les piles de voiliers, caravanes et Saviem JL20 semi-porte-transformateur C-I-J invendus du jour, malgré les prix modiques. Ils devaient provenir d’un stock de magasin ou d’un grossiste. Je ne lui avais pas posé la question. Plus tard j’ai su que ces produits, ainsi que les JRD, avaient été exportés en masse en Belgique.

 

Quant au Renault 1000kgs postes belges, comme celui programmé, je n’en avais pas croisé un seul dans la bourse. Ce modèle qui a été conçu pour le marché belge, à la demande du distributeur local a également été vendu en France. Malgré des recherches effrénées , nous avons mis cinq ans à le trouver. C’est un modèle rare.

 

L’adjectif n’est pas usurpé. En 2024, j’affirme qu’il est toujours aussi rare. Sa cote a  pourtant baissé. Les prix varient en fonction de l’offre et la demande mais aussi en fonction du pouvoir d’achat des collectonneurs. Ce dernier est mis à mal depuis près de trois ans. Il est normal que les prix diminuent. Ils s’étaient enflammés, ils redeveniennent plus raisonnables par la force des choses.

 

Au fil des éditions de cette bourse bruxelloise, j’ai rencontré de nombreux collectionneurs de tous horizons avec qui j’ai lié une amitié qui dure depuis cinquante ans. Je revois Bent Danielsen qui venait en train du Danemark, déballer soigneusement de sa valise ses Tekno protégées dans du papier journal local. Sa lenteur m’exaspérait. Je l’aurais bien aidé pour aller plus vite. J’ai compris en voyant son sourire qu’il fallait apprendre la patience et surtout apprécier ce moment suspendu, celui où l’on a l’espoir de voir «la» pièce convoitée émerger du paquet. Les pièces les plus rares se trouvaient dans son petit attaché-case.  C’est assurément là qu’il aurait rangé les Renault 4cv, la Triumph TR2 ou l’Opel Olympia en vente cette semaine !

 

Les trois autres, les deux Volvo 144 et la Mercedes politique auraient trouvé place dans la valise. C’est grâce à lui que j’ai fait la connaissance de Ferd Zegel qui venait des États-Unis mais aussi des ses amis turinois. Ils étaient toujours ensemble. Une solide relation était née entre ces amateurs de jouets scandinaves. Bent était lélément fédérateur. Nous allions régulièrement le voir au Danemark où nous nous retrouvions avant d’aller à la bourse de Göteborg. Nous avons beaucoup pratiqué les échanges entre nous. C’était une autre époque, l’argent n’avait pas une place centrale. Bent a très rapidement compris tout l’intérêt qu’il avait à nous dénicher des pièces rares. La Scandinavie restera la plus belle découverte de ma vie de collectionneur et de marchand. 

J’ai souvent repensé à cette première bourse de Bruxelles quand j’ai vu les prix de certains objets s’envoler alors qu’ils n’avaient pas rencontrés leur clientèle quelques temps auparavant. En avançant dans la collection, j’ai retrouvé ce phénomène sur d’autres produits. Les Nicky Toys, les Norev, les Majorettes, par exemple. Il y a des modes, des engouements provoqués par un ensemble d’éléments liés à l’information : un article dans un journal relatant les résultats d’une salle de vente, la publication d’un ouvrage faisant référence. Lorsque le superbe livre Spot On « the ultimate book » (In House publication) est sorti, la cote des Spot On déjà soutenue s’est littéralement envolé. Mieux, de nombreux amateurs se sont mis à collectionner les couleurs, mais aussi les combinaisons de couleurs avec celle des intérieurs équipant les modèles. Cela a provoqué une augmentation de la demande qui a artificiellement fait gonfler les prix, jusqu’à ce qu’ils deviennent  déraisonnables, avec comme conséquence d’écarter une partie des amateurs de la marque.  Ce phénomène ne peut durer longtemps. Il est impossible de maintenir des tarifs élevés pour des fausses raretés. Par la force des choses le marché s’équilibre. Une fois qu’ils sont divulgués, les prix élevés de ces modèles, ont le pouvoir magique d’en faire ressortir  sur le marché. Certain amateurs qui en les possédent se décident à les mettre en vente….

Cette semaine nous avons un bel ensemble de Spot On à des prix raisonnables.

Le camion ERF plateau est un classique. Il n’est pas rare, il est juste majestueux avec son sobre plateau. Il me ramène aux années 80, lorsque  son apparition sur une table de bourse attirait les amateurs. Deux Fiat 600 multipla sont au menu. Etrange choix de Spot On que d’avoir choisi cette auto d’avant-garde. C’est peut être d’ailleurs là que se trouve la réponse. Autant vous prévenir, cette auto, assez peu fréquente a été déclinée dans plus, de 15 coloris… dans le livre cité plus haut, une dizaine de couleurs est déjà répertoriée…mais depuis d’autres couleurs ont été référencées !

La Ford Zephyr est un modèle qui m’a toujours donné du fil à retordre en collection. Elle n’a connu, elle, que peu de déclinaisons de couleur, tout comme la Vauxhall Cresta également proposée cette semaine.

L’Austin taxi est sûrement une des plus belles réalisations de Spot On. Logiquement ce taxi est toujours fini de couleur noire…enfin presque toujours, car il existe une très rare version de couleur bordeaux. L’adjectif ici n’est pas usurpé. J’en ai rencontré qu’une en 50 ans.

 

La seconde, la Studebaker Golden Hawk me replonge dans cette manifestation bruxelloise. La communauté italienne à Bruxelles est très importante. La Belgique a été une véritable terre d’accueil pour les immigrés italiens au siècle dernier. Il n’est pas rare d’entendre des noms de famille à consonances italienne chez les collectionneur belge.

1978 correspond à l’époque où Jean-Bernard Sarthe s’était amouraché de cette marque et de ses modèles phares, dont cette Studebaker. Si la Cadillac est la plus belle réalisation de la firme de Turin, la Studebaker est pour moi le modèle qui combine les plus harmonieuses  assemblages de couleur, au même titre que les Lancia Flaminia. Cela tient à répartition pavillon/malle et carrosserie. Jean-Bernard avait fait monter les prix….Il les voulait toutes, et tout de suite. Je ne peux que penser à lui devant cette Studebaker qui offre une combinaison de couleurs peu fréquente . 

Vincent Espinasse