La difficile conception de la Lamborghini Miura de chez Corgi Toys … et de son taureau Miura

…que Marcel Van Cleemput, dans son livre « the great book of Corgi » expliquait que la sortie de la Lamborghini Miura avait retardée de deux ans. Les plans avaient été conçus en 1967 et elle avait été planifiée pour novembre 1968. Le bureau d’étude avait même fait le voyage en Italie afin de trouver l’inspiration chez les différents carrossiers et constructeurs automobiles, dont Lamborghini.

Depuis la Ghia Chrysler 6,4 CORGI TOYS avait compris l’intérêt de la clientèle pour ces carrosseries « spéciales » des plus originales dont l’Italie à le secret. Solido, Mebetoys, Politoys, Matchbox, Edil Toys…furent donc plus rapides que CORGI TOYS pour sortir la Miura. La firme de Swansea dut retarder jusqu’à 1969 son entrée en production, et trouver un plus pour la vendre.

Ce fut une figurine en plastique du fameux taureau de la race «Miura », qui avait donné son nom à la voiture.

Cela permit à CORGI TOYS de se positionner sur un créneau original. L’auto rencontra un certain succès chez les enfants mais fut boudée par la clientèle des collectionneurs. Pas facile de se positionner après les reproductions de Solido ou de Politoys.

Cinquante ans après sa sortie, elle est difficile à se procurer, surtout dans cette première version, avec la boîte spécifique.

La Lamborghini est proposée cette semaine à la vente, en compagnie d’autres autos contemporaines, équipées également de roues Whizzwheels tellement représentatives de l’époque.

Sur ce point, CORGI TOYS a dû tâtonner, hésiter. Il était sans doute difficile pour les décideurs de passer de manière aussi radicale à ce type de roues.

Certaines comme la Ford Capri programmée également cette semaine seront d’abord équipées de jantes en acier teintées de couleur bronze et cerclées d’un insert en plastique rouge. Cette Ford Capri est rare. Un prix de revient élevé au moment où CORGI TOYS devait faire des économies a limité sa fabrication.

 

Les boîtes vitrines avec leurs couleurs rouge et jaune les reliant au glorieux passé de la marque sont un vrai plus, tout comme les superbes illustrations figurant au dos. Les Porsche 911 Targa, Marcos Volvo et Citroën SM de cette semaine sont équipées de ce type de  boitages. Plus tard, ils seront remplacés pour la Porsche et la Citroën par des boîtes vitrines  de couleur noire et les illustrations par des photos. J’ai une nette préférence pour les premières.

 

Restons dans les histoires de boîtes. Cette semaine deux spectaculaires Politoys, en boîte diorama dépliable sont proposées. Le stockage et le coût de transport et de fabrication auront rapidement raison de ces boîtes. L’auto était maintenue dans la boîte par un autocollant double face, ce qui n’était pas des plus pratique. Seules deux autos connaitront ce type d’écrin. Rapidement, elles seront diffusées en boîte cristal, identique à celle de la Ford Mustang en vente cette semaine.

 

La Ferrari 250LM Pininfarina mérite quelques commentaires. C’est un modèle très original. Il s’agit non pas d’une version compétition comme pourrait le faire croire la belle illustration sur la boîte mais d’une version routière « stradale ». Elle se différencie de la version course par ses butoirs de pare-chocs et sa bulle en Plexiglas sur le capot arrière.

La boîte est superbe. J’apprécie l’illustration. Nous sommes sur la parabolique à Monza. Le plus intriguant est la monoplace qui est derrière. Il faut donc resituer la scène. Nous sommes à Monza, un jour ou la Scuderia Ferrari avait loué le circuit pour ses essais privés

Ces deux boîtes apportent un plus à ces belles miniatures. Nous sommes au sommet de la fabrication Politoys. Il va falloir bientôt opérer un virage à 90 degrés et proposer des modèles et des boitages économiques.

Elles seront d’abord vendues dans la série Politoys Export.

Nous en avons trois en vente cette semaine: Alfa Romeo 1600, Iso Griffo et Jensen.

Sachons profiter de l’instant et apprécier ces  deux superbes modèles et leurs écrins illustrés.

D’autres modèles proposés cette semaine n’ont jamais eu d’étuis individuels. Je revois une photo trouvée dans les archives de Robert Goirand. Elle a été prise dans un grand magasin au moment des fêtes de fin d’année, au début des années cinquante (1953 à voir la pancarte publicitaire annonçant le Panhard Movic SNCF et la Simca 8)

A cette époque, c’est « le » moment de l’année où la vente de jouets se fait. Il faut garder en mémoire que ce commerce est saisonnier. Les fabricants de jouets vont se battre pour étaler la vente toute l’année. L’abondance de modèles DINKY TOYS ne laisse donc pas de doute sur la date. Pour la photo, les vendeuses ont surchargées les rayons, n’hésitant pas à faire chevaucher le surplus sur les modèles déjà en place.

A droite, des boîte de six Ford Vedette 1949 comme celle proposée cette semaine, servent de présentoir.

Celles qui contenaient les modèles nous faisant face, Ford Calberson, SNCF et autres Isobloc ont déjà dû être mises à la poubelle.

A voir l’alignement impeccable des modèles et la tête des vendeuses, la mise en place a dû être harassante.

Elles ne savent pas que soixante-dix ans plus tard certains amateurs pesteront pour un éclat sur le pare-chocs ou l’aile arrière…

Vous y repenserez en regardant la belle sélection de série 24 (Ford Vedette 1949, Citroën 11BL traction,Peugeot 203) série 25 (Ford Grands Moulins de Paris, Calberson) et série 32 (Panhard Kodak) de cette semaine. 

La rare version proposée du Ford Calberson (Type 1 avec jantes à pneus) de 1950-51 ne peut déjà plus être sur cette photo. Ces grands magasins avaient un débit important et les invendus étaient rares.

La nouvelle vague de collectionneurs apparue au milieu des années soixante-dix, avec Jean-Bernard Sarthe à sa tête, vit dans cette gamme de miniatures l’occasion de multiplier les variantes de couleurs à l’infini ou presque. Cette façon de faire ne se pratiquait pas auparavant lorsque le but de la collection de miniatures automobiles était d’avoir un exemplaire de chaque modèle. 

C’est ainsi que les Quiralu acquirent leurs lettres de noblesse auprès de collectionneurs comme mon père. Pour ma part, leur boîtage m’a toujours questionné. On aimerait en savoir plus sur l’illustrateur des boîtes et sa façon d’aborder son métier. Etait-il de la région ? De Vesoul ou de Belfort…? J’ai eu l’occasion dans un blog d’aborder le sujet (My tailor is rich) Les boîtes des Quiralu sont à elles seules dignes d’intérêt.

Vincent Espinasse