Bleu !

…de l’effet ressenti à la sortie de d’aéroport de Nice un matin de janvier il y a quelques années. Venant de la région parisienne, le dépaysement était total. Le ciel bleu limpide, sans nuage, la mer infinie, la lumière vive, la végétation tropicale me donnaient le sentiment d’être arrivé au paradis.

J’ai pensé à ce qu’avait ressenti Henri Matisse un siècle auparavant, lorsque qu’il était venu, convalescent, à Nice en plein hiver. Il devait rester attaché toute sa vie à cette ville. Yves Klein, natif de Nice, ira plus loin encore en s’appropriant le bleu du ciel, en homologuant « son » bleu. Le bleu Klein référence IKB (international Klein blue). Ce dernier déclarait pour justifier sa création «Ce jour-là, alors que j’étais étendu sur la plage de Nice, je me mis à éprouver de la haine pour les oiseaux qui volaient de-ci, de-là, dans mon beau ciel bleu sans nuage, parce qu’ils essayaient de faire des trous dans la plus belle la plus grande de mes oeuvres ».

 

La couleur bleue est omniprésente dans la programmation des modèles de la semaine.

J’ai un lien particulier avec cette couleur qui me relie à l’ enfance et à la découverte du sport automobile.

Au milieu des années soixante, les bolides portaient encore les couleurs attribuées par les instances sportives internationales à la nationalité des écuries qui les engageaient. Cette attribution remontait au début du siècle dernier. Les bolides concourant pour une écurie française portaient la couleur bleue. Les amateurs français de sport automobile avaient peu de raisons de se réjouir au début des années soixante. La dernière victoire au Mans d’un bolide bleu remontait à 1950 : une Talbot Lago. Depuis, l’ACO avait bricolé des règlements favorisant les concurrents français pour les accessits comme l’indice énergétique. Elle avait aussi créé des catégories regroupant les petites cylindrées, catégorie dans laquelle les compétiteurs héxagonaux excellaient.

Puis sous l’impulsion de la nouvelle compagnie pétrolière Elf et du fabricant de missiles Matra une nouvelle ère débuta. Un pilote français symbolise cette période, Jean-Pierre Beltoise. C’est l’époque où j’ai commencé à m’intéresser aux voitures bleues. Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai été marqué par le renouveau du sport automobile français. On connaît tous l’issue, des titres de champion du monde et des victoires au Mans.

Dans ma collection de miniatures, la couleur bleue tisse un lien entre mes acquisitions. La barquette DB Panhard de Solido a été « le » premier modèle que j’ai recherché avec passion, tout juste après avoir acquis l’Etoile filante de CIJ. Nous sommes en 1975.

Cette DB me donnera bien du fil à retordre et j’y repense souvent. Ce modèle est désormais facile à trouver. Il caractérise cette longue période de disette et de « petites » victoires de classe.

Nous n’en avons pas à vendre cette semaine…mais nous avons une autre Solido, datant du milieu des années soixante qui m’a beaucoup marquée : l’Alpine A220 avec sa singulière silhouette et ses phares globuleux.

Un détail la caractérise : elle ne possède qu’une porte ouvrante. Les résultats attendus n’ont pas été au rendez-vous.

Alpine, toujours avec le soutien d’Elf se concentrera ensuite sur les rallyes, avec le succès que l’on sait. Cette A220 s’essaiera, sans succès en rallye, avec un arrière tronqué au critérium des Cévennes. Restons dans le rallye et avec Solido, qui très intelligemment reconvertira sa superbe R17 en version rallye du Maroc.

Pilen, qui avait aussi cette auto à son catalogue s’inspirera de la déclinaison rallye de Solido et proposera sa version avec la seconde calandre et ses optiques modifiées. Nous avons les deux en vente. Deux belles et originales voitures bleues. Les petits prix sont de solides atouts en faveur de leur acquisition. 

 

Le groupe pétrolier français Elf, créé en 1966, va rapidement se développer dans l’hexagone grâce à une campagne publicitaire orchestrée de main de maître.

Le camion Willeme Horizon citerne de chez Solido décoré du fameux logo Elf, composé d’un point rouge et des deux trépans de couleurs rouge et bleu, en vente cette semaine est contemporain du lancement de la compagnie pétrolière.

 

 

Le logo, moderne pour l’époque, a résisté au temps. La campagne publicitaire, suivie d’un engagement volontariste en sport automobile vont dynamiser l’image de ce pétrolier aux yeux du grand public et donner un coup de vieux aux autres compagnies pétrolières françaises que sont Antar, Total ou Azur.

 Tous les gens de ma génération se souviennent des cadeaux offert dans les stations Elf, notamment les photos, format A4 de bolides bleus aux couleurs du pétrolier et de pilotes portant combinaisons et casques arborant fièrement le logo Elf. Elles inspiraient la vitesse, le dynamisme. Elles vont faire rêver plus d’un jeune et susciter des vocations. Elf avait décidé de s’investir à tous les échelons du sport automobile. De l’école de pilotage, à la coupe R8 Gordini qu’elle allait patronner jusqu’au soutien, financier et technique, aux équipes de pointes française, qu’étaient Alpine et Matra. 

 

Dans le but de promouvoir le sport automobile hexagonal, Elf, avec Renault  comme partenaire, vont organiser la coupe Renault 8 Gordini dès 1966.

Cette coupe connaitra un succès populaire et verra consacrer de futurs champions, comme Jimmy Mieusset, Réné Metge ou Marc Sourd. Dinky Toys et Norev avaient à leurs catalogues la Renault 8. 

En modifiant légèrement leurs miniatures, en ajoutant deux phares et deux bandes blanches, ils offriront au jeune public une réplique réussie de la R8 Gordini.

Cette semaine la version Norev est programmée. Elle est assez difficile à se procurer. J’apprécie le bandeau de couleur or ceinturant l’écrin transparent qui distinguait de fait ce boîtage des autres. En 1971, la coupe se disputera avec des R12 Gordini.

Les deux fabricants ayant aussi la paisible 12 berline à leurs catalogues, ils recommenceront l’opération. Cette semaine nous avons celle de Dinky Toys à vendre. C’est une réussite. Dinky Toys a proposé une version réaliste, dépourvus de pare-chocs, avec des optiques de phare soulignées en jaune du plus bel effet.

La miniature est prête à affronter les circuits. Ces courses étaient parfois viriles, les accrochages et sorties de route nombreuses. Les courses en peloton sont toujours spectaculaires et animées. Nous avons donc aussi programmé une Citroën ID ambulance de chez Norev (une réussite… supérieure à mes yeux à la Dinky Toys) au cas où les joutes se termineraient mal.

Restons avec la couleur bleu, mais passons les Alpes.

Le bleu est la couleur la plus populaire en Italie d’après un sondage réalisé au niveau européen. C

’est la couleur préférée d’une majorité des gens interrogés sur le vieux continent. Mais la proportion de gens attachée à cette couleur est encore plus importante en Italie. Cela n’a pas toujours été le cas. Elle était chez les romains symbole de mauvaise vie, et associée aux peuples barbares, notamment les germains, qui avaient plusieurs fois saccagé Rome. Sa symbolique allait  s’améliorer au fil des siècles. La première raison fut technique. Les pigments (l’indigo entre autres) rentrant dans sa composition allaient devenir plus accessibles, moins difficiles à se procurer. Venise allait se charger de faire venir ces composants d’Asie.

Il est donc logique que chez les fabricants italiens de modèles réduits, cette couleur soit omniprésente, au point de voir apparaître de nombreuses nuances de bleu, chez Mercury notamment.

Cette semaine nous n’avons pas moins de quatre Mercury de couleur bleu !

La Fiat 1100 est un modèle que j’affectionne particulièrement. On peut aligner une quantité de variantes impressionnantes et les disposer sur les porte-autos Fiat conçus à cet effet.

L’amateur doit composer avec les variantes suivantes :  calandre à barres (rapportées puis moulées), calandre ovale, jantes (peintes puis chromées) phares (rapportés puis moulés), châssis ( peint puis chromé)…et une palette infinie de couleurs. Le genre de miniatures qui vous accompagne toute votre vie. Plus de quarante ans après le début, j’en trouve encore…il manque juste la place pour les exposer.

L’exemplaire en vente est bleu pâle avec des phares rapportés, une calandre ovale et un châssis peint. Cette teinte lui convient très bien.

Pour la Bianchina il faudra penser à combiner les nuances de bleu avec celles du pavillon. Celle proposée est bleu pâle et grise. Cette même base, bleu pâle, peut recevoir une couleur de pavillon différent…plus clair ou plus foncé.

Enfin, nous avons un modèle de conception plus tardif, l’Alfa Romeo Montreal. A l’époque de sa production les fabricants utilisaient les peintures métallisées. Cela limitera les subtiles variantes de nuance décrites plus haut. Je ne connais pas de nuance de bleu métallisé sur ce modèle. Cette miniature est une réussite qui mérite que l’on s’y intéresse.

Vincent Espinasse