Cheveux au vent 

…du blog « La Ford de Mrs Robinson ». L’inspiration trouvait sa source dans une phrase du « the graduate » (le lauréat). Mrs Robinson dévoilait au jeune héros que sa fille avait été conçue dans une Ford. L’idée m’était alors venue de rechercher le type de Ford dont il pouvait s’agir. Il a suffi de retenir l’âge des protagonistes et celle du tournage du film, 1967.

En voyant la superbe Mebetoys Alfa Rome Duetto rouge au programme cette semaine, j’y ai repensé. Cette auto était « la » voiture du film. Elle marqua si bien les esprits qu’elle connut un réel succès de l’autre côté de l’Atlantique, au point d’éditer une série spéciale « graduate ». Pour ce singulier cabriolet, la Californie semble un élément naturel. L’idée d’avoir choisi une auto italienne n’est pas anodin. Elle est le symbole de  « la dolce Vita ».

Deux autres intéressantes Mebetoys sont au menu.

Elles arborent la même robe métallisée.

Ce sont deux déclinaisons « rallye » de l’élégante Lancia Fulvia. Jusqu’à l’autorisation d’homologation de série spéciale, fin des années soixante, début des années soixante-dix, les épreuves de rallye étaient constituées de véhicules issus de la série. C’est la cylindrée moteur qui permettait d’établir des groupes. Certaine autos, du fait de leur conception d’origine avaient des prédispositions pour briller sur les routes. La Lancia Fulvia fait partie de ces autos.

Elle va s’illustrer en rallye durant près de dix ans, remportant même le rallye de Monte-Carlo en 1972 à la barbe des Alpine Renault et des autres voitures à succès de l’époque. Les nombreuses victoires de la Fulvia HF en rallye étalées sur près de dix ans auront un impact sur son succès commercial. 

Elles feront comprendre à la direction de Lancia, pas très intéressée au début de l’aventure, le bienfondé de cet engagement qui se prolongera avec la fameuse Stratos et les succès que l’on connaît.

Mebetoys avait la Lancia Fulvia coupé à son catalogue depuis le début de son aventure, il lui a donc était facile de proposer une version « rallye » en ajoutant la décoration adaptée.

Elle le fit très bien.

Elle a décliné sur dix ans de production les quatre principales décorations que la Fulvia HF a connu en rallye. Cette semaine nous avons celles se situant au milieu de l’aventure. Celle avec capot noir aux couleurs Lancia Italia telle qu’elle s’imposa au Monte-Carlo 1972, et celle aux couleurs des cigarettes Marlboro de 1973.

Philip Morris deviendra le sponsor de l’écurie et l’on retrouvera ses couleurs sur les premières Stratos de 1973. Ce sont deux très intéressantes miniatures pour qui se passionne pour les autos italiennes ou de rallye.

Si cette Fulvia n’a jamais été déclinée en cabriolet en série, une version barquette, destinée à la compétition dénommée « barchetta FM » a existé et a participé à la Targa Florio 1969. Dans ses jeunes années, Michel Sordet déclinera une version qu’il commercialisa en petite série à partir de cette Mebetoys, prouvant que la base était très bonne.

Une des facettes de mon métier est de me projeter dans le futur.

J’ai environ trois à quatre mois d’avance dans la programmation des modèles à venir.

J’ai un petit sourire quand je programme des cabriolets durant l’été pour le mois de décembre.

Le jouet stimule l’imagination. Je pense à mon père qui commandait ses chaussures de l’été suivant au milieu de l’hiver. J’ai donc pensé à lui en voyant ces fringants cabriolets, capotes ouvertes, de chez Corgi Toys programmés pour le début de l’hiver.

Ce n’est certes pas la météo morose qui empêche nos amis d’Outre-Manche de rouler en plein hiver en cabriolet découvert. Un bonnet, des moufles, un anorak et les voilà partis sur les petites routes du Kent prêt à affronter les rigueurs de l’hiver.

Vous penserez à eux en voyant les beaux cabriolets Corgi Toys de cette semaine. Corgi Toys a proposé des cabriolets dès le départ de son aventure. Elle a même dédié une série à ce type de carrosserie (série 300). Nous avons une élégante Triumph TR2, dans une belle harmonie de couleur crème avec sièges rouges. L’auto est superbe. Cette couleur fragile prend toute sa dimension dans cet état de conservation. Corgi Toys n’a pas eu peur de croiser le fer avec Dinky Toys qui avait déjà à son catalogue une belle série de cabriolets.

La MG « A », également proposée est fidèlement reproduite. C’est à mes yeux la plus belle reproduction de cette auto. Observez la et comparez la avec la Triumph décrite plus haut. Corgi Toys a utilisé les deux mêmes couleurs, seule la répartition a changé.

Dès le départ, la firme de Swansea avait d’ailleurs inscrit une Lotus XI barquette du début de l’histoire de la marque d’Hethel à son catalogue. Nous l’avons aussi, dans une belle robe argent. Quant à Dinky Toys il mettra du temps à s’intéresser à cette marque majeure et offrira le modèle Europa à la fin des années soixante.

Les deux dernières proposées sont des autos américaines survitaminées de la fin des années soixante. Camaro, Firebird sont des noms qui aujourd’hui encore ravissent les amateurs de gros cubes US. 

Dans son film de 1993 « Journal intime », Nanni Moretti flâne sur sa Vespa en plein été dans les rues ensoleillées et désertes de Rome. Le scooter est prétexte pour nous faire découvrir la ville, son architecture, sa beauté, ses habitants. Si dans « la dolce Vita » Marcello Mastroianni, qui incarnait un personnage navigant dans la sphère de la bourgeoisie avait un cabriolet Triumph pour sillonner les rues de Rome, Nanni Moretti utilise lui un Vespa, comme une grande partie de la population. C’est d’ailleurs ce scooter,  symbolisant le quotidien et une certaine douceur de vivre pour de nombreux italiens qui figure sur l’affiche du film.

Plus tard, en 2023 pour son film « Vers un avenir radieux» , clin d’oeil à « journal intime » il utilisera une trottinette électrique, moyen de locomotion moderne, reprenant le même graphisme. En 1953, dans « Vacances romaines » de William Wyler, c’est aussi une Vespa qui partage la vedette du film avec Audrey Hepburn et Gregory Peck.

Vous l’avez compris le scooter est attaché au paysage romain comme l’autobus à deux étages à celui de Londres et les embouteillages à Paris.

 

Cette semaine nous avons un original scooter « générique » fabriqué par Solido. Il est démontable et transformable. On reconnaît bien l’ADN Solido.  C’est une pièce pleine de charme. Solido a aussi reproduit un Terrot, scooter français. C’est un autre concept. Il est ressemblant mais n’est pas démontable. L’expansion du scooter, dont le prix d’achat est peu élevé et l’utilisation économique symbolise l’Italie d’après-guerre. Une grande partie de la population n’avait pas accès à l’automobile.

Cette semaine nous avons quelques beaux exemples d’engins dérivés du scooter et destinés à un usage commercial. Le Piaggio équipé d’une benne a connu un beau succès commercial à l’époque. C’est Mercury qui est à l’origine de sa reproduction. On pense ici à Fellini et à  « La Strada » : Antony Quinn, forrain ambulant   se sert d’un engin similaire surmonté d’une bâche portant son nom d’artiste « Zampano » pour transporter son matériel et sa partenaire.

Le Lambretta de chez Vilmer équipé d’un side plateau appartient aussi à cette catégorie de petits engins économiques. On le doit à Vilmer, fabricant danois. C’est une pièce peu fréquente. 

Vincent Espinasse