Par magie !

…du cadeau que mon cousin germain m’avait fait au milieu des années soixante-dix.  Il avait appris que mon père et moi commencions à collectionner les miniatures, et il nous avait offert les quelques Rami qu’il avait jusque là précieusement conservées. La fabrication rustique s’accordait bien avec les autos qu’elles reproduisaient : des tacots. J’ai repensé à cela en voyant le taxi de la Marne de chez Rami, au menu cette semaine. Il y en avait justement un dans le petit lot offert.

Ces modèles datent pour les premiers de 1958 et sont conformes aux  standards de fabrication de l’époque : pas de vitrage, pas de suspension. Je crois que ce sont les jantes de type « artillerie », de couleur jaune d’or qui m’avaient le plus marqué. Bien qu’irréaliste la couleur s’accordait à l’ensemble fini en rouge et noir. Deux détails se détachaient : la trompe et les deux lanternes rapportées. Ces modèles qui étaient destinés à une clientèle plus âgée, disons adulte, qui s’intéressait à l’histoire de l’automobile a connu un vrai succès au point de créer un véritable marché. Les industriels qui glissaient des cadeaux pour mieux vendre leur lessive, café, huile de table et j’en oublie, vont s’intéresser à ces modèles du début de siècle et les offrir en prime avec leurs produits.

Tout va ensuite s’accélérer avec l’arrivée des firmes italiennes Dugu (1961) et Rio (1962) et leurs talentueux maquettistes. L’arrivée de ces deux firmes fut un choc dans le monde des collectionneurs et des revues spécialisées. De véritables maquettes à la portée de tous.  L’Italie a une longue histoire avec les maquettistes de talent.  Michel Conti, l’un des premiers, a fait rêver toute une génération de lecteurs de Modélisme avec ses créations. En voyant ces Dugu à côté des trois Rami en vente cette semaine, je me suis vraiment rappelé cette époque. Avec l’aide de la boutique Modelisme, le magazine Champion publiait tous les mois un article relatant les dernières nouveautés en matière de modélisme automobile. A propos d’une Dugu, le journaliste s’extasiait sur les détails, s’enthousiasmait pour la fidélité des lignes, complimentait les parties ouvrantes. Il semblait  manquer d’adjectifs devant la beauté de l’objet. Comme il fallait bien trouver un défaut, ce dernier expliquait qu’il résidait dans le fait que les roues avaient du mal à tourner.

Nous sommes avec ce type de produit dans le domaine de la maquette et le surplus de détail a pu nuire à cette fonction. Cette semaine nous avons trois sublimes Dugu dont celle qui a ouvert la série, la rare Bernardi qui fut la première automobile italienne. Je vous laisse admirer les photos. Magique n’est ce pas ? Appréciez la chaine de transmission reproduite et le traitement des jantes. C’est d’ailleurs le traitement de ces dernières qui classe au premier regard ce type de miniature.

Observez celles de la Rolls Royce et de la Duesenberg également en vente, puis celles qui équipent l’une des dernières Rami, au programme également, la Mieusset. Elles se sont affinées par rapport à celles qui équipaient les premiers modèles. Rami avait bien compris que ces dernières avaient une importance capitale dans l’aspect du modèle réduit. Pour conclure, j’ajouterai un point par rapport au journaliste de la revue Champion. Ces modèles Dugu très détaillés sont fragiles. Leur conservation nécessite la présence de la boîte. Il faut les manipuler par le socle pour les préserver dans le temps. De ce côté les Rami ne craignent pas grand chose et peuvent être manipuler sans crainte. Mais peu nombreux sont ceux qui ont pensé à conserver le carton d’origine. Il est bien plus rare que la miniature. 

La reproduction de motos au 1/43 a toujours été un casse tête pour les fabricants de jouets. Comment faire tenir en équilibre un objet sur ses deux roues, réduit à cette taille?  Par quel tour de magie? Car il faut beaucoup d’ingéniosité, d’inventivité, pour trouver une solution. La solution la plus radicale, la plus simple, et la plus usité, fut de s’affranchir de cette échelle et de les reproduire à une échelle supérieure (1/32). A cette échelle, la reproduction d’une béquille est bien plus simple. Ce fut le cas de Norev qui, pour garnir ses coffrets police, a réalisé des motos BMW au 1/32. Le coffret avec la Peugeot 504, réduite elle au 1/43, proposée cette semaine nous plonge dans l’univers du jouet où le mélange des échelles de reproduction  participe au charme du produit.

Une autre solution, consiste à équiper la moto d’un side-car, la troisième roue aidant à stabiliser l’ensemble. C’est ce qu’ont choisi Tekno, Vilmer, Matchbox, Dalia. Nous avons un très bel ensemble cette semaine. La Matchbox est de conception simple et réussie.

Tri-Ang, a conçu à travers sa marque Spot-On, un univers magique et singulier. Tous les éléments qui portent la signature Spot On sont réduits au 1/42. Unique. Les accessoires partageront aussi cette échelle. Les fabricants de jouets ont souvent proposé des stations services et des pompes à essence, mais ils n’ont jamais franchi le pas et proposé une église, un pub, une boutique de brocanteur ou une école, pour animer et donner vie à leurs produits. Tri Ang c’est sûrement inspiré du monde ferroviaire . Kibri, firme allemande  proposait de très nombreux éléments pour animer les réseaux de train. Les bâtiments Spot On sont impressionnants. Ils sont en caoutchouc et finement décorés au pochoir.  Tri-Ang en a sous-traité la fabrication chez Young and Fogg Rubber Co.Ltd dont elle avait pris des parts. Nous en avons deux cette semaine dans leur boîte d’origine.

C-I-J, Siku et Tekno ont aussi reproduit quelques bâtiments : caserne de pompiers, garage et entrepôt. De formes très classiques et sans volonté de constituer un ensemble comme Spot On. Nous avons aussi cette semaine une charmante station service de chez C-I-J. Son point fort est son faible encombrement et donc sa faculté à se glisser facilement en vitrine. Ce n’est pas la moindre des qualités. J’apprécie aussi son traitement et sa finition au pochoir. Une réussite qui nous plonge dans l’univers des modèles en tôle et en plâtre et farine au 1/43-1/50. La présence de la boîte est aussi un plus. 

Vincent Espinasse