Mulhouse le vendredi 14 Mars 2025

…des deux longues files d’autos, rectilignes, bien formées, qui attendaient l’ouverture de la grille du parc des expositions de Mulhouse le vendredi 14 mars 2025. Nous sommes à quelques encablures de l’Allemagne et de la Suisse. On ressent un esprit de rigueur. En comparaison, la file est bien plus désordonnée, voire chaotique, à Milan lors du salon à Novegro. Nous sommes tous là pour la manifestation semestrielle dédiée au 1/43. C’est d’ailleurs l’intitulé qu’on lit sur les panneaux fléchant l’événement en ville. Ces trois chiffres s’affichent également en lettres géantes sur le haut du bâtiment. Impressionnant. Je suis rassuré, je suis au bon endroit. Cette manifestation a une très longue histoire. Nous sommes venus la première fois avec mon père en 1978 et elle avait déjà quelques années d’existence. 

L’événement est bien organisé. L’exposition bénéficie de structures modernes : un vaste parking gratuit, à quelques pas du bâtiment qui abrite une splendide et vaste salle, chauffée (en mars il fait encore froid en Alsace), et très bien éclairée. Ce n »est malheureusement pas toujours le cas dans ce type de bâtiment. Les allées sont spacieuses. Bref, tout est réuni pour que la fête soit réussie. Elle le fut. Chaque bourse d’échange est aussi une histoire personnelle. Son degré de réussite dépend bien sûr des trouvailles que l’on fait ou de la recette en fin de journée. Au tout début de la bourse, un ami professionnel, Francis Faucon, m’interpelle au détour d’une allée et me lance « J’ai peut être quelque chose pour toi ». Il me présente alors un camion Bedford benne, équipé d’un système d’épandage. 

Je souris, car je crois reconnaître un camion de la firme anglaise Automec, peu fréquent, même de l’autre côté du Channel. Il me répond alors « Je suis allé sur ton blog et je ne l’ai pas vu ! » C’est un Gamda israélien ! Aprés 50 ans de collection, découvrir un objet dont je n’avais jamais entendu parler est un vrai bonheur.

Il faut donc  rester modeste, on découvrira encore des modèles de ce genre, il y a toujours à apprendre et c’est aussi cela qui nous fait continuer.  Si le bâtiment est vaste, la manifestation est conviviale. Les gens sont accueillants à Mulhouse. Dans une période difficile, il est agréable de pouvoir se réunir pour partager une passion commune. C’est dans dans des endroits comme celui là que je me suis formé, au contact des autres. C’est en parlant, en voyant, en prenant en main que l’on appréhende le mieux les modèles et qu’on découvre des variantes. J’ai repensé à cela en voyant la programmation de la semaine.

Prenons ces quelques autos produites à Liverpool au milieu des années soixante au menu de la semaine : deux Triumph Spitfire et une Jaguar MK X. Nous avons positionné les deux premières ensemble pour que vous puissiez bien constater les deux nuances très différentes. L’une est plus foncée que l’autre. Elle partage cette nuance avec la Rolls Royce Silver Cloud III. 

La troisième, la Jaguar MK X a connu trois nuances de bleu métallisé très différentes : de très clair à foncé avec au centre une version intermédiaire, classique. Celle que nous avons en vente est la plus foncée. Nous ne sommes pas égaux devant la perception de ces variantes qui demandent de l’expérience et une bonne mémoire visuelle. J’ai du plaisir à les repérer…en sachant que de nombreuses variantes sont encore à trouver. Pas plus tard que ce jour où j’écris ces lignes j’ai repéré l’existence de deux bleus très différent sur la NSU prinz IV de chez Solido…

Restons chez ce fabricant. Nous avons programmé trois Aston Martin DB5 Vintage. Outre les nuances de couleurs on peut aussi combiner les variantes de couleurs d’intérieur. Tout dépend où vous souhaitez mettre le curseur des variantes. Difficile de rester insensible à cette Aston Martin. C’est une réussite, Solido a parfaitement synthétisé les lignes de ce beau coupé. Sachez que c’est sa DB4, sortie quelques années plus tôt qui a servi de base. Au début de sa série 100, Solido a eu une période Aston Martin, puisque qu’elle a proposé aussi la belle DBR vainqueur des 24 heures du Mans en 1959.

Revenons à notre DB5. Il existe quatre couleurs d’intérieur : blanc, beige, rouge et noir. La version finie en turquoise est proposée cette semaine, dans deux finitions d’intérieur différent. Vous remarquerez que les jantes à rayons reçoivent ou non un chromage. Cela permet de les situer dans le temps. Les premières version en sont dépourvues. La couleur de l’aménagement intérieur influe sur la perception visuelle de la miniature. L’harmonie est plus ou moins réussie. C’est un vrai plaisir de repérer une nouvelle variante qui vient compléter un échantillonnage. J’en sais quelque chose.

On peut se projeter assez loin dans cette recherche et les bonnes surprises sont possibles. Cette quête, c’est l’essence même du collectionneur, toujours prêt à repousser les limites. Le jour où l’on n’a plus d’envie, la collection s’arrête.

L’autre couleur à la vente, la rouge métallisé est une couleur difficile à se procurer. J’ai rassemblé deux nuances très différentes. Cette couleur a surtout été vue à l’exportation. Je me souviens en avoir trouvé un certain nombre en Scandinavie et en Grande-Bretagne. Elle convient bien au modèle et se situe en début de production.

Si on peut essayer de maitriser, avec plus ou moins de certitude, les variantes de couleurs d’une collection dédiée à la série 100 de chez Solido, il n’en est pas de même pour une collection dédiée aux variantes de Norev ! Une vie ne suffira pas à la tâche ! Ce n’est pas une raison pour baisser les bras ! Pourquoi ? La production de la firme de Villeurbanne est hors-norme. Non seulement les modèles sont restés longtemps au catalogue mais en plus ils ont été produits et diffusés en grande quantité. Ce fut la plus importante production de modèles 1/43 en France. Avec pour conséquence un nombre infini de variantes de couleurs de carrosserie pour les amateurs qui veulent retracer l’histoire d’un modèle.

J’ai dernièrement acquis un lot de Morris Mini. La personne avait réussi à rassembler une quinzaine de couleurs. Il était loin de les avoir toutes trouver. Quand on voit le nombre de modèles différents au catalogue Norev et que l’on multiplie ce chiffre par vingt ou même trente, au vu des possibilités de variantes de couleur de carrosserie, cela fait réfléchir !

Un des plaisir de cette collection Norev, est de découvrir une miniature dans une teinte que l’on n’imaginait pas sur ce modèle. Pour ma part, pour les modèles distribués en étui avec socle en carton noir et jaune, je me contente d’une seule couleur mais je veille à ce que ce soit la plus improbable, la plus folle, la moins réaliste. Cette semaine nous avons trois Morris Mini. Connaissiez-vous celle de couleur turquoise ?  Elle est fort élégante sur le cabriolet DS19, et je ne m’attendais pas à la trouver sur cette Morris. J’apprécie aussi les deux nuances de gris également proposées, particulièrement la gris foncé.

Dans le genre couleur improbable, j’aime particulèrement le coupé germanique, DKW Junior fini en orange fluo, également au programme. On pourrait par exemple prendre cette couleur comme fil conducteur et essayer de rassembler tous les modèles Norev finis dans cette teinte…

Elles sont en toute fin de production. Le modèle de couleur corail ne semble pas connaitre de nuance de couleur importante, ce n’est pas le cas de cellui de couleur bleu pâle. Profitez de ces belles miniatures difficiles à se procurer. Pour revenir à la bourse de Mulhouse, et pour illustrer mon propos, j’ai vu sur une table une 4cv qui m’a intriguée. J’avais et je connaissais cette couleur en collection mais après vérification, en rentrant chez moi, j’ai constaté que je n’avais pas cette variante équipée d’un mécanisme à clef… voilà il est encore une fois démontré qu’une collection n’est jamais finie.

Vincent Espinasse