Pinocchio, le chat, le renard et les Ferrari

… d’une scène du dessin animé de Walt Disney « Pinocchio » tiré de l’oeuvre du conte de Carlo Collodi qui avait beaucoup marqué l’enfant que j’étais. Le renard «  Grand coquin » et le chat « Gédéon » avaient persuadé Pinocchio de les suivre vers « l’île aux plaisirs » décrite par ces derniers comme enchanteresse. Engagés par un mystérieux cocher qui leur avait promis des pièces d’or, ils avaient pour mission de convaincre tous les enfants désobéissants de les suivre vers l’île.

J’ai repensé au beau coffret Mercury à la vente cette semaine. Quel succès il aurait eu dans « son » pays ! Quand il a été proposé, les Ferrari dominaient encore les courses d’endurance. Des importateurs Ferrari (NART sur la côte EST des États-Unis, Maranello concessionnaire en Grande-Bretagne, l’Ecurie Francorchamps en Belgique…) épaulaient, parfois avec succès, la Scuderia Ferrari. Ce coffret nous ramène à cette période. La Ferrari 250LM trône au centre. Il faut dire qu’en 1965 elle vient juste de s’imposer aux 24 heures du Mans. L’illustration de la couverture du coffret est superbe, tout comme la présentation des autos et la mise en place des miniatures. Les Ferrari ont l’air de parader. C’était un peu vrai. Les Ford venaient d’arriver et elles étaient encore bien fragiles.

Nous avons aussi un autre coffret « All winners » proposé par Corgi Toys qui regroupe une série de voitures de course. Il contient aussi une Ferrari 250LM. Son traitement est moins réussi, moins  soigné que celui de la Mercury. Dans le coffret, il y aussi une Ford Mustang, une Corvette, une Type E…Des autos qui ont brillé sur les circuits durant cette période et qui ont surtout constitué une partie du plateau des courses d’endurance. Elles concouraient dans la catégorie GT comme l’indique le texte sur la boîte. Une partie de l’intérêt réside d’ailleurs dans ce texte explicatif.  La présence de la Ferrari 250LM interroge car on se se souvient qu’elle fut source de polémique entre Enzo Ferrari et le pouvoir sportif régissant les compétitions automobiles. Ce dernier considérait son « prototype » comme une « GT ». Pas de doutes, nous étions bien au pays de Pinocchio.

Restons dans les cadeaux. En voyant ce superbe camion Corgi Toys American La France je ne peux pas oublier qu’il fut pour moi la cause d’une grande déception. Pourtant l’objet est sublime. C’est sûrement un des derniers beaux véhicules Corgi Toys, avant que la marque opère un changement de stratégie. Mon père me l’avait offert au retour d’un voyage à New-York, organisé par la marque de chaussures de luxe Charles Jourdan en 1969. Il m’avait raconté comment il avait été hypnotisé à la vue de ce type d’engin, toute sirène hurlante dans les rues de New-York. C’est aussi la présence du pompier actionnant le volant qui commande l’axe arrière directionnel de la remorque qui interroge celui qui n’a jamais mis les pieds de l’autre côté de l’Atlantique. Oui, mais voilà, à cette période nous étions en pleine conquête spatiale avec les premier pas sur la lune. J’avais vu le journaliste François de Closet sur la première chaîne expliquer à l’aide d’une  maquette le déroulement des opérations. Et cette maquette, je rêvais  de la posséder. Alors, quand j’ai vu le camion Corgi Toys, j’ai certes bien remercié pour le beau cadeau mais le coeur n’y était pas. Bien des années plus tard, je lui ai avoué ma déception.  Il y avait prescription. J’ai avec cet engin un rapport un peu particulier. Celui qui est proposé est splendide. C’est le tout premier. Il est équipé de jantes en zamac de couleur rouge. Elles deviendront bronze sur le second modèle. Au fil de sa production, ce coûteux jouet va perdre de sa superbe : les suspensions, les personnages sur la banquette arrière, l’antenne, le troisième élément de l’échelle dépliable, les pneus caoutchouc vont disparaitre au fil de la production. Celui proposé est le plus beau. Appréciez sa splendide boîte et la présence du carton de protection…on croirait voir celui que mon père m’avait offert.

La De Tomaso avec son ingénieux châssis démontable est également un jouet marquant pour les enfants de ma génération. Corgi Toys a encore à cette époque un bureau d’étude créatif.

Enfin, nous avons également deux autres Corgi Toys, de conception plus ancienne au programme. Ce sont des versions publicitaires. Le Commer aux couleurs Coop est un promotionnel. Il était offert en échange des points que l’enfant collectait sur les emballages des produits de cette compagnie. Le second est un Bedford aux couleurs Corgi Toys. On est jamais aussi bien servi que par soi-même. On appréciera les lumineuses couleurs. Il existe trois combinaisons de répartition de couleurs, celle proposée est la première.

Le catalogue Solido de 1972, offert à la vente cette semaine, marque une étape chez le fabricant français. M. de Vazeilles a compris qu’il fallait dynamiser et moderniser l’image de son catalogue. La présentation des modèles à travers les splendides illustrations de Jean Blanche a vécu. Désormais, place aux photos couleur. Cependant, fidèle à son illustrateur, il conservera les dessins de ce dernier pour présenter les nouveautés. J’ai su par son fils que cette période avait été douloureuse pour le dessinateur. Ses dessins ne sont d’ailleurs pas signés dans ce catalogue. Le catalogue fait partie de l’identité du fabricant. Il y apporte un soin particulier.

Quant au consommateur,  il n’a d’intérêt que pour l’annonce des nouveautés. Et c’est  parmi ces quelques nouveautés que j’envisageais le cadeau du prochain anniversaire. En 1972 est ainsi programmée une Mercedes 350 … qui ne verra jamais le jour. La Citroën GS, au programme de la semaine, figure parmi les nouveautés de 1972. Elle interroge. La présence de cette sage berline française, entourée de bolides, Ferrari 312 P/B , Ferrari 512 M, ou Ligier JS/3 semble incongrue. Elle trouve sa justification dans le fait que Dinky Toys France vient d’arrêter son activité. M. de Vazeilles comprend que la place est libre pour proposer des berlines française de qualité. Dans peu de temps la série « Gam »1, 2 et 3, dédiée aux voitures populaires verra le jour. Ce catalogue marque une autre étape importante. C’est la fin d’un cycle, avec les derniers modèles de la série 100. La March 707 Can Am et son numéro 199 clôture cette série. Place désormais à la nouvelle « 10 ».

La Citroën SM, à la vente cette semaine, fait encore partie de la série 100. Les lignes tendues de cette belle auto sont parfaitement restituées. C’est de loin la meilleure reproduction en miniature. Pourtant, à titre personel je trouve la réalisation de la GS supérieure. L’encadrement des portières ouvrantes est un chef-d’œuvre : elles sont galbées et ne présentent aucun défaut.

Nous avons également deux beaux cabriolets dont une superbe Peugeot 403 jaune paille. Je ne me lasse pas de cette série de cabriolets, qui n’a pas pris une ride.

Enfin, appréciez l’harmonieuse combinaison de couleurs de la Citroën Ami 6 break : ivoire avec son intérieur rouge. Cette dernière est équipée de la dernière et peu fréquente boîte de type « continental ». Avec ce break, Solido a prouvé qu’il savait aussi reproduire des voitures populaires. On peut voir une filiation entre   cette Ami 6 break et cette GS. Suivront les CX, CX break, LN, 2cv’74…

Vincent Espinasse