La figure scandinave incontournable

…de Bent Danielsen, un des premiers collectionneurs danois a avoir franchi les frontières de son pays natal pour diffuser ses miniatures Tekno en Europe, mais aussi aux États-Unis.  Il avait vite compris la fascination qu’exerçaient ces produits sur une partie des amateurs de miniatures saturés de Dinky Toys et de Corgi Toys. Nous étions au milieu des années soixante-dix. Un élément déclencheur de ces voyages fut sans doute la présence à Bruxelles de son frère qui travaillait à l’OTAN. Il profitait de visites à caractère familial pour participer à des manifestations consacrées aux jouets anciens. Il y rencontra de nombreux amateurs qui l’amenèrent à Genève, Turin, Washington…Mieux, il entraina dans sa suite d’autres collectionneurs danois, qui profitèrent de l’aubaine et de l’engouement pour les produits scandinaves tels que Vilmer, Birk, Micro ou Lego. Ils formèrent rapidement une petite communauté soudée. Bent maîtrisait parfaitement la langue anglaise, cela lui facilita la tâche. De caractère sociable, très aimable, il devint vite « la » figure scandinave incontournable. Avec un ami suédois, Hans Varneus, ils publièrent une revue. Lors des bourses d’échange, il avait toujours une grosse valise et un attache-case pour les pièces les plus rares. Les modèles étaient emballés dans du papier journal local. Plus tard j’ai compris sa manière de faire. Quelques jours avant son voyage, il faisait le tour des brocanteurs de Copenhague. Il ne stockait rien. En voyant les superbes camions Dodge en vente cette semaine, j’ai repensé à lui.

Ce sont les premiers modèles que nous lui avons achetés.  Je me souviens très bien avoir été fasciné en 1978 par un Dodge charbonnier de couleur noire avec ses décalcomanies « Kul Koks » de couleur jaune du plus bel effet. Mon père lui avait acheté. Bien plus tard j’ai découvert qu’il s’agissait d’un grand classique et que la version rare était en fait celle de couleur verte et noire portant les couleurs « C.Wright & Co». Nous l’avons à la vente. C’est un produit sublime. Nous avons aussi une version « Milk & Cream » (laitier) destinée au marché anglo-saxon. C’est une version tardive, peu fréquente. La finition bleu métallisé du châssis donne au modèle une certaine modernité.

Il existe en bien d’autres variantes. Ces produits sont difficiles à trouver dans cet état de conservation. Les USA ont été un marché très important pour Tekno. Lors de mes voyages j’avais pu constater les liens nombreux entre la Scandinavie et les USA. Les noms de famille à consonnance nordique sont fréquents. Le troisième Dodge à la vente est aussi destiné au marché export. Les mentions sur les portes et la caisse « Tekno miniature cars » ne laissent planer aucun doute. Cette série de Dodge, de taille proche du 1/50 tient une place à part dans l’histoire Tekno. Elle n’a de commun avec les deux autres modèles décrits plus haut que le nom Dodge. L’idée de Tekno, était de décliner sur une base commune constituée de la cabine et du châssis, une série d’équipements militaires différents. Il y aura aussi deux véhicules pompier. L’observateur que vous êtes a sûrement fait le lien avec la série des GMC militaires de chez FJ, qui apparaitra 5 ans plus tard. Avec ses volets roulants, la caisse de la version proposée ce jour inspirera aussi FJ (version « viandes » et « atelier »). L’idée est excellente, d’autant plus que la caisse permet d’appliquer une publicité, notamment sur la face arrière et les flancs. Tekno ne s’en privera pas.

Vous pouvez réunir une série décorée de belles publicités expressives. Ces versions sont rares. Le quatrième Dodge Tekno au programme, avec sa bâche en toile de couleur rouge et verte est une réussite. L’idée d’une déclinaison bâchée ne sera jamais reprise à Marseille. La fabrication de la bâche en toile devait poser des difficultés. 

Peu de temps après, Tekno fera paraître son extraordinaire Volvo N88 Viking donnant un coup de vieux à cette série de Dodge.

Gama est une firme originale, difficile à classer en raison de la diversité de ses produits et d’une qualité de fabrication très variée.

Elle a longtemps était mise à l’écart des collections, dédaignée des collectionneurs, sauf pour ses modèles originaux, non reproduits par d’autres fabricants, comme la BMW 600 voiturette. La marque suscite depuis quelques temps un intérêt certain. Cela me semble justifié. La qualité de reproduction est certes inégale, mais il se dégage de l’ensemble des premiers modèles une harmonie de conception et d’échelle de reproduction.

L’esprit « jouet » prédomine au détriment de la fidélité d’exécution. C’est peut être ce qui plaît dans le monde formaté d’aujourd’hui. Cette semaine nous avons une Abarth de record « empruntée » à Solido.

Gama proposera aussi une Ferrari Testa Rosa, également d’origine française. Nous n’en savons guère plus sur l’origine de ces deux modèles. Prêt de Solido ? Copie ?  Ce qui interroge également, c’est leur longévité au catalogue. On les trouve encore en vente au début des années soixante-dix, dans des harmonies de couleurs contemporaines à cette période. La Fiat Abarth du jour confirme cet état de fait. L’aspect « jouet » est renforcé par la présence du pilote et l’ajout de publicités criardes.  Du fait de ses origines allemandes, Gama ne pouvait ignorer la Volkswagen 1200. C’est une version de 1958.

Gama optera, pour ses premiers modèles, pour une échelle de reproduction inférieure au 1/43, proche du 1/45, comme celle des Mercury contemporaines. Cela leur confère un charme certain.

Les premières sont dépourvues d’aménagement intérieur. Elles forment un ensemble coloré. La version ADAC avec sa livrée bicolore est ma préférée.

Les versions routières sont difficiles à se procurer.

Dans une suite logique, Gama déclinera celle qui devait reprendre le flambeau, la 1500, qui sera un échec commercial malgré d’indéniables qualités. La firme de Wolfsburg mettra du temps à trouver une digne succession à sa 1200. La miniature Gama est sobre, à l’image de l’auto reproduite. Son seul luxe sont ses phares strass. Cette firme suscite chez moi depuis très longtemps déjà de la curiosité. J’ai  commencé à décliner les variantes de couleurs. 

Les accessoires automobiles, du style galerie, vont rester longtemps ignorés des fabricants de jouets.

Ces derniers ont d’abord considéré que que la présence d’une galerie sur une miniature était un gadget superflu contraignant dans sa conception et son n’exécution. 

Pour confirmer mon propos, la plus ancienne trace d’une miniature française équipée de cet accessoire est une Minialuxe du milieu des années cinquante. La firme d’Oyonnax proposa cet accessoire avec trois valises sur sa gamme de berlines française. Ce sont de charmants jouets mais leur exécution sommaire ne supporte pas la comparaison avec les belles et fidèles Norev et  Dinky Toys de l’époque.

 

C’est Corgi Toys qui va développer l’idée d’accessoiriser ses miniaturer afin de se démarquer de Dinky Toys. La clientèle avait évolué et le succès sera au rendez vous.

Quand Mebetoys va également s’engager elle aussi dans cette voie, elle va le faire avec une débauche de moyens. A voir les miniatures proposées cette semaine on pourrait douter qu’elles ont réellement existé. Pourtant la Porsche a réellement participé au marathon Londres Sydney ainsi accoutrée et bardée de ces protections. L’originale était de couleur rouge. J’aime beaucoup la seconde, la Fiat 125 avec sa galerie et ses jerrycans. Elle respire l’aventure.

A voir le chargement, on imagine que la route va être longue et semée d’embuches. Plus d’un petit italien a dû s’imaginer à son volant.

 

Politoys, devenu Polistil, succombera aussi à la mode des galeries « chargées ». Elle proposera même une gamme dédiée à des véhicules de tout genre, ainsi équipés (Autobianchi A112, Fiat 127, Renault 5…) Nous avons cette semaine une Lancia Beta « week end », la bien nommée, avec ses bagages et ses jerrycans… Il est peut être prévu une gréve dans les stations d’essence françaises. Elles forment un ensemble original qui avec le temps prend de l’intérêt. Je pense que la présence de la boîte, spécifique, avec son intitulé est un vrai plus.

La dernière, vient d’encore plus loin, d’Australie. C’est une Micro models. Les standards de fabrication sont dignes de nos miniatures européennes. C’est solide, sans trop de finesse. C’est un modèle singulier, difficile à se procurer. Il confirme la popularité planétaire de cette auto allemande.

Vincent Espinasse