Seine et marne, début des années quatre vingt

…très bien de la découverte,  au début des années quatre-vingt, dans une ferme de Seine-et-Marne, de mes premières miniatures Icis. L’endroit ne correspondait pas au standing de ces jouets au prix de vente élevé, conçus pour être distribués dans les beaux magasins citadins. On les imagine à Milan, Rome ou Turin. Mais elles n’étaient pas arrivées là par hasard. En l’occurence, il s’agissait de la ferme des beaux-parents de M. Chabut, agent immobilier parisien. Ce dernier avait récupéré une collection splendide… et imposante. Tellement imposante d’ailleurs qu’il avait fallu stocker dans la ferme familiale. C’est là que mon père a acheté ses 18 Cadillac Eldorado Mercury.

Je ne me souviens pas de la personne ou de l’article qui m’avait fait comprendre la rareté et l’intérêt de ces objets. Ce qui est sûr, c’est qu’en les voyant, j’avais alerté mon père sur l’intérêt de les acquérir. Ce qui fut fait. La notion de rareté est relative. Ce sont l’expérience et la connaissance qui lui donnent sa valeur. J’ose avancer l’idée que les Icis sont rares. Cela ne veut pas forcement dire qu’elles sont inabordables car, pour cela, il faut aussi que la demande soit là. Les amateurs l’oublient souvent qui confondent rareté et prix élevé.

J’ai repensé à cette histoire en voyant cette semaine la superbe Lancia Appia de chez Icis équipée de jantes en acier chromé.

A la fin des années cinquante, quelques firmes comme Gégé et Jep en France, Icis en Italie ont cru trouver un créneau en proposant des miniatures luxueuses, détaillées, injectées en plastique et possédant un châssis en zamac (pour les firmes françaises) ou des jantes en acier chromé (Icis et Gégé). Ces modèles étaient vendus un certain prix et se positionnaient sur le créneau « Dinky Toys ». Ce fut un échec. Les gens avaient une mauvaise image du plastique qu’ils associaient à des produits bas de gamme.

Pour autant, ces modèles Icis, Gégé et Jep étaient-ils très supérieurs aux Norev ou aux Politoys de l’époque ? Je ne le pense pas. En discutant plus tard, avec des collectionneurs avisés comme M Dufour, j’ai compris que nous avions fait le bon choix. Dans les années soixante-dix, ce dernier avait dû lâcher de belles pièces pour en obtenir quelques unes auprès de Paolo Rampini. Cinquante ans après, elles sont toujours aussi belles et rares et je me réjouis à chaque fois que je peux trouver une nouvelle couleur. Ma fille en sait quelque chose.

 

C’est dans le premier livre de Jean-Michel Roulet aux éditions Adepte que j’ai pu découvrir les Dinky Toys Poch et comprendre leur rareté. Nous étions en 1978. Bien des années plus tard, en discutant avec Robert Goirand je me suis rendu compte qu’au même moment, ce dernier en avait encore trouvé en boutique, en plein Madrid ! Au début des années quatre-vingt, il avait mis en circulation un certain nombre de ces modèles. M. Claverie qui vivait dans le sud-ouest, ce qui facilitait les voyages de l’autre côté des Pyrénées, en avait fait autant. Mon père connaissait ces deux personnes, et, en toute logique nous leur en avons acheté.

Ces modèles assemblés et peints à Barcelone, équipés de pneus gravés Pirelli, ont toujours suscité un engouement, justifié. La présence de la boîte, spécifique, sur les rabats de laquelle apparaît le nom « Pirelli » est un vrai plus.  Les teintes des deux modèles proposés cette semaine sont différentes de celles produites à Bobigny.

Avec le temps, au fil des achats, j’ai constaté qu’il existait des nuances importantes correspondant sûrement à des périodes différentes de fabrication.

J’ignore pour quelle raison ce modèle est difficile à se procurer. Dalia avait pourtant fait l’effort de graver un châssis spécifique, laissant imaginer que le modèle était prévu pour rester au catalogue. Or, je n’ai que deux variantes de couleur en collection, ce qui est peu pour une Dalia et j’ai mis bien du temps à les trouver. Pour rester dans le «rare », nous avons aussi une boîte de Citroën ami 6 break à vendre. Les boîtes de Dalia sont difficiles à se procurer, surtout dans cet état. 

Je pourrais faire le même constat avec les quelques belles C-I-J à la vente cette semaine. Il n’existe pas d’ouvrage de qualité sur la marque, tout au moins pas d’ouvrage qui prendrait le temps d’expliquer les variantes et de distinguer ainsi le courant du rare. Comme pour les Dalia décrites plus haut, à défaut d’ouvrage de référence, c’est l’expérience qui permet d’appréhender la gamme. Les discussions avec d’autres amateurs sont un bon moyen d’avancer dans la connaissance, encore faut-il valider dans le temps les informations recueillies.

Cette semaine nous avons ainsi deux Panhard Junior que je pourrais qualifier de variantes « peu fréquentes ». Le modèle est charmant. j’apprécie la conception de sa capote et de son pare-brise, en tôle pliée résumant l’expérience et le savoir de la firme de Briare avec cette matière. Le traitement au pochoir des lanières de cette même capote, repliée, et des délimitations des portières interroge. Ce souci du détail sur une miniature de conception désuète est touchant. C’est toute la poésie des C-I-J résumée en un modèle. La particularité de ces deux Panhard est, qu’avec leurs jantes en plastique argent et leur châssis anodisé, elles se situent en bout de production. Les teintes, nettement plus vives que celles des premiers modèles, sont un  élément qui incite à l’acquisition. Je n’’ai gardé en collection que les premières variantes, avec leurs teintes pâles et leurs jantes en aluminium, et ces variantes, tardives, superbes avec leurs couleurs vives et leurs jantes en plastique argent.

Passons à la Renault Dauphine également au programme. Elle est équipée de vitrages et de suspensions et appartient à la gamme Europarc, destinée à redynamiser l’entreprise après la rupture de son contrat avec la régie. C’est une miniature peu fréquente. Pour l’occasion la C-I-J l’a peinte de couleur métallisée, modernisant son modèle, qui, soit dit en passant, me semble supérieur à celui offert par Dinky Toys. C’est une belle miniature. La boîte est rare, l’adjectif n’est pas usurpé. Comme elle est  fragile, il serait intéressant de connaître le nombre total d’exemplaires restant, et le pourcentage d’exemplaires restant avec leur boîte.

Vincent Espinasse