Bruxelles à la fin des années soixante dix

…d’un important stock de magasin, composé uniquement de modèles C-I-J, et qui était apparu lors d’une des premières bourses de Bruxelles organisée par l’ECMA au Woluwe shopping center à la fin des années soixante-dix. Il était composé d’un échantillon de modèles de la firme de Briare : Saviem JL20 porte-transformateur, feux rouges électriques, mais aussi des remorques avec voilier et des caravanes comme celles proposées ce jour, dans une importante quantité. Je revois les piles de boîtes. Je me souviens que malgré leurs prix très bas, il en restait encore un certain nombre au moment du remballage. J’avais fait ce constat car la table se trouvait devant un des tapis roulants menant au parking souterrain. Pendant près de trente ans j’ai regardé ces produits avec un certain détachement.

Elle possède un auvent, particularité des fabricants allemands de caravane. Sa forme synthétise bien les caravanes des années 70. Elle est équilibrée et élégante. A voir les stocks d’invendus de ces caravanes à l’époque, je me demande si elles ont connu un grand succès. Enfant, je préférais acheter un autre véhicule qu’un accessoire comme une caravane ou une remorque, souvent proposée au même prix. Quand je vois que M. De Vazeilles, durant sa présence à la tête de l’entreprise Solido n’a conçu qu’une caravane, qui de plus, partageait son châssis avec la remorque et son hors-bord, je m’interroge. Ce dernier avait bien compris que cette vente était limitée. Et encore, il les fit concevoir pour compléter ses coffrets de montage. La seconde caravane, créée pour le coffret avec la CX, relevait d’une décision de ses successeurs. Quand je vois toutes les déclinaisons proposées ensuite, je comprend qu’il a fallu l’amortir.

Restons à Bruxelles. Dans ces mêmes années 80 la marque allemande Märklin bénéficiait d’une aura exceptionnelle auprès des collectionneurs. Elle synthétisait l’excellence, la qualité. Tous les produits bénéficiaient de cette image, acquise au départ avec les jouets ferroviaires, au milieu du 19éme siècle. Pourtant, la marque de Göppingen n’a jamais réussi a imposé ses miniatures au 43éme face à la vive concurrence. Dans l’Allemagne nazie, elle proposa une première série, supérieure aux Dinky Toys contemporaines. Mais durant cette période, elle ne pu utiliser du zamac de qualité. Il devait être contingenté. Il nous reste heureusement quelques exemplaires qui sont passés au travers de ces soucis de qualité. Après guerre, la seconde série ne réussira jamais à s’imposer malgré d’évidentes qualités. Une forme de conservatisme empêchait toute innovation (vitrage, suspension…) et ces modèles ont vite semblé désuets par rapport à la concurrence étrangère. Märklin se contentait de vendre son « nom » avec ces miniatures au 1/45, trop occupé avec le modélisme ferroviaire. Dommage, car ces modèles bénéficiaient d’une finesse de gravure inégalée à l’époque, héritage du modélisme ferroviaire. Dans les années 80, les amateurs vouaient à Märklin un véritable culte. Les véhicules de la marque ne restaient jamais longtemps sur une table de bourse d’échange. Les prix s’envolaient. Ce temps est révolu. Il reste ces beaux jouets qu’il faut savoir redécouvrir, avec des tarifs en forte baisse. C’est l’occasion de commencer une collection. Cette semaine, nous avons quelques camions dont le splendide Magirus Jupiter grande échelle pompier, qui est pour moi l’archétype de la grande échelle.

Faisons le parallèle avec Siku qui amortira aussi son beau Mercedes double cabine conçu au départ pour recevoir une grande échelle en l’équipant d’une grue télescopique. Mais Siku créera de toute pièce sa flèche télescopique et l’adaptera à son camion. Le résultat est superbe. Ce camion est aussi au menu de la semaine.

En ayant proposé ce jouet Märklin démontrait qu’il n’avait pas une très haute considération pour sa gamme de miniatures . Le camion Mercedes tracteur semi-remorque Aral est lui une réussite. La version proposée cette semaine est intéressante. Elle se situe au début de la fabrication. La citerne est encore de couleur argent. Bientôt, elle empruntera les nouvelles couleurs du pétrolier allemand, blanc et bleu.

Avec le camion Kaeble benne de chantier, on frôle l’excellence. Le radiateur et les deux guides en acier placés aux extrémités du pare-chocs sont des détails qui montrent le savoir faire dans la finesse d’éxécution des moindres détails. L’allure trapue du camion benne est parfaitement restituée.

Enfin, nous avons  une pelle en butte Fuchs montée sur pneus. Ce modèle est également d’une grande finesse. Il est intéressant de comparer sa finesse de gravure et le fonctionnement du bras articulé avec un autre modèle similaire en vente,  la pelle Akerman de chez Tekno. Cette dernière est plus rustique et moins fine. Pourtant, soixante ans après sa création, quand on l’a en main, on ne peut s’empêcher d’actionner les molettes entrainant les chainettes couleur laiton, actionnant les bras articulés. Un beau jouet.

Avant l’arrivée d’internet, des manifestation internationales comme la bourse d’échange de Bruxelles, permettait aux amateurs venus des quatre coins de l’Europe de se rencontrer et d’amener leurs produits locaux afin de les faire découvrir. Beaucoup de collectionneurs venaient en voisin des Pays-Bas. Ils amenaient leurs miniatures de la marque Lion Car. J’ai toujours aimé cette marque originale. Tès vite, elle s’est consacrée à la reproduction des véhicules DAF, voitures et utilitaires. Cette semaine nous avons deux beaux exemplaires, dont la première Daf que Lion Car a reproduit.

L’amateur peut retracer une grande partie de l’histoire de cette firme automobile néerlandaise. Les variantes sont nombreuses. Ces miniatures sont reproduites avec goût. Ce sont des produits de qualité. Les collectionneurs néerlandais amenaient aussi des véhicules Tekno, dont ils sont friands. Le fabricant danois conçu pour ce marché de nombreuses déclinaisons ( voir blog  » une Opel au pays des tulipes). L’importateur néerlandais ira jusqu’à faire imprimer des boîtes cartons pour l’Opel Rekord 1958, jugeant que l’étui en plastique transparent conçu par Tekno ne convenait pas à cette miniature Opel, marque populaire aux pays des tulipes. Cette semaine nous avons un Volkswagen Kombi Leeuwen Zegel que Tekno fournira à ce fabricant de margarine néerlandaise. Le consommateur pouvait l’obtenir en échange des bons découpés sur les emballages de margarine. C’est un vrai promotionnel.

La Citroën 2cv fourgonnette des secours routiers néerlandais Wegenwacht est un autre modèle que les amateurs néerlandais emmenaient dans leurs bagages. Sachant qu’il y aurait beaucoup de français venus également en voisin, sa vente était assurée. Nous avons un bel exemplaire sans boite et donc à un prix de vente modéré. Cette miniature semble avoir connu un beau succès aux Pays-Bas à l’époque où ce modèle faisait partie du paysage routier. Le nombre important de variantes prouve qu’il y a eu plusieurs réassortiments de commandes. Chaque variante correspond à une quantité limitée, réalisée par contrat avec l’importateur.

Un détail mérite d’être souligné. Sur deux publicités d’époque, parues dans la presse néerlandaise, on constate que le modèle Wegenwacht, pourtant édité en tirage limité, était vendu moins cher, 2,75fl que la version pompiers 25 D, de grande diffusion, 2,95 fl,  prouvant ainsi que l’importateur Haussemann & Hötte N.V avait su négocier de bons tarifs à Bobigny ! 

Vincent Espinasse